Un collectif pour "échapper au poison des millions", qui affluent dans les caisses du journal depuis l'attentat du 7 janvier. Dans Le Monde, quinze membres du journal* publient un texte commun pour "la refondation" de l'hebdomadaire. "Devenu symbole mondial, Charlie Hebdo est désormais doté d'une identité inscrite dans la chair de son équipe dont les survivants ont tous choisi, après les attentats, de reprendre le flambeau", écrivent-ils.
Première revendication, la structure du journal, qui ne doit plus être une entreprise mais une coopérative avec "un actionnariat réservé aux salariés du journal, à l'exclusion de tout investisseur extérieur et de toute ressource publicitaire". Le collectif souhaite que chaque salarié puisse prendre part "aux décisions qui engagent le journal", sans en tirer profit. "Les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes, mais nous offriront la possibilité d'être impliqué dans la reconstruction de ce qui est pour nous aujourd'hui bien plus qu'un employeur", écrivent-ils. Actuellement, les parents de Charb - tué dans l'attentat - détiennent 40% du capital, tout comme Riss. Le co-gérant Eric Portheault détient les 20% restants.
Les "incroyables réserves financières" du titre doivent servir selon eux à "garantir la pérennité du titre à dix, vingt ou trente ans, en en affectant les fruits à la consolidation du titre, à l'apuration de ses dettes, à son développement et à sa nécessaire modernisation". Pas question donc de redistribuer à quelques uns les millions d'euros dans les caisses.
Sans ambiguïté, le collectif dénonce le pouvoir pris par certains au sein du journal. "Nous assistons aujourd'hui à des prises de décision importantes pour le journal, souvent le fait d'avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques. Nous entendons qu'une nouvelle formule se prépare, dont nous sommes exclus", écrivent-ils. Ils ne veulent pas d'une "fondation" dont ils "ignorent tout". "Nous refusons que le journal, devenu une proie tentante, fasse l'objet de manipulations politiques et/ou financières, nous refusons qu'une poignée d'individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent", dénoncent-ils.
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*Les membres du collectif : Zineb El-Rhazoui, Simon Fieschi, Antonio Fischetti, Pascal Gros, Philippe Lançon, Laurent Léger, Luz, Mathieu Madénian, Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, Martine Rousseaux, Jean-Baptiste Thoret, Sigolène Vinson, Jean-Luc Walet, Willem.