Interview
Domingo ("Popcorn") : "On a refusé plusieurs gros invités parce qu'on n'avait pas envie de faire leur promo"
Publié le 11 octobre 2022 à 14:20
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A la tête du talk "Popcorn" depuis quatre saisons, Pierre-Alexis Bizot, alias Domingo, multiplie les projets audacieux sur Twitch. Il a accordé une série d'entretiens à puremedias.com, dont nous publions aujourd'hui la deuxième partie.
Extrait de "Popcorn" présenté par Domingo sur Twitch © Clément Cellier/Cloumzy
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Il revient sur ses projets phare. Depuis quatre saisons, Domingo*, dans la vraie vie Pierre-Alexis Bizot, est aux commandes du talk "Popcorn", véritable phénomène sur Twitch. Dans son émission, l'animateur a reçu les streameurs vedette de la plateforme, mais aussi des personnalités de renom venant de tous les milieux. Mais Domingo, c'est aussi le "Popcorn Festival", "L'échappée" et de nombreux challenges sportifs. Dans une série d'entretiens, accordés à puremedias.com et qui seront mis en ligne tout au long de la semaine, le créateur de contenus évoque dans cette deuxième partie ses projets. À toutes fins utiles, précisons que cet entretien a été réalisé avant le GP Explorer, au Mans, auquel Domingo a participé.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

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puremedias.com : Depuis 2019, vous êtes à la tête de "Popcorn" sur Twitch. C'est devenu l'une des émissions les plus suivies au monde sur la plateforme. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Domingo :
Non. C'était dur d'anticiper mais je suis hyper content du résultat aujourd'hui. On a fait les efforts pour que tout se passe bien. On a adapté un modèle, qui se fait beaucoup chez NRJ, en publiant chaque jour des extraits de "Popcorn" sur notre chaîne Youtube. Ca nous a permis de sortir de Twitch. Aujourd'hui, nous avons quasiment 500.000 abonnés et la chaîne marche super bien. C'était important pour nous de ne pas être qu'en direct. Le direct, c'est génial, mais on met tellement d'efforts dans l'instant T que c'est agréable de pouvoir faire revivre des moments aux personnes qui n'étaient pas sur Twitch. Ca permet à nos contenus de vivre une seconde fois. Les projets peuvent vivre sur plusieurs jours.

Comment expliquez-vous ce succès ?
Ce succès de "Popcorn" répond à des besoins d'ouverture de Twitch à de nouveaux publics. Twitch est encore une plateforme très masculine. Je vois par exemple des mecs qui regardent l'émission avec leur copine. Ca crée une porte d'entrée vers de nouveaux publics. Puis, on aborde différents sujets. On a des invités mainstream, mais ce n'est pas un format de promo avec uniquement du "name dropping". J'aime bien me dire que chaque émission a une couleur. On a envie d'intéresser les gens à plein de sujets différents.

"Un peu comme un sélectionneur de foot, on choisit les chroniqueurs pour avoir un cocktail original" Domingo

Comment est construite l'émission en amont chaque semaine ?
On n'est pas tant que ça à bosser dessus. Il y a Théo Kleman, mon associé, qui travaille avec moi depuis 2015. On a recruté Florent Derue, un journaliste, qui occupe un peu le poste de rédacteur en chef. Il dirige principalement l'aspect édito et programmation de "Popcorn". En général, on fait une pré-réunion le jeudi pour discuter des diverses thématiques, des invités et des happenings. On attend aussi un peu le dernier moment pour tout finaliser. On n'a pas envie d'évoquer un sujet qui est devenu froid. Je dois également préparer la rubrique des "Actus de PA". Ce sont des petites informations étonnantes qui vont amuser les gens. Puis, j'aime bien aller vers de nouveaux petits formats. Je me pose par exemple souvent des questions un peu stupides. J'étais devant Bigflo et Oli et je leur ai demandé : "Combien de fois vous changez vos draps par mois ?". (rires) C'était débile mais on a tous ce truc-là. Ca a fait une séquence marrante. On était tous à se demander : "Je suis dégueulasse ? Je suis un porc ?". Je te donne cet exemple. Ce n'est pas forcément le truc le plus abouti. (rires) Et ce qui est très plaisant, c'est qu'on n'a pas de contraintes de temps. "Popcorn" peut faire 1h30, 2h ou 2h30.

Domingo avec des chroniqueurs de "Popcorn" : Ponce, Baghera, Etoiles et François Descraques. © Domingo

Comment sont choisis les chroniqueurs autour de la table chaque semaine ?
Au début, on avait des chroniqueurs titulaires. Au bout d'un moment, les sujets étaient un peu redondants. On parlait souvent de la même chose. C'était très bien d'un point de vue communautaire, mais ça ne permettait pas de s'ouvrir à de nouveaux publics. Puis, il y a eu le confinement. Faire des émissions à distance, ce n'était pas simple. On a décidé de changer la règle et on s'est demandé : "Qui sont les gens sur Twitch qui nous correspondent ?". L'année dernière, on a fait beaucoup de tests et de casting. J'ai réussi à définir la personnalité de chacun. Un peu comme un sélectionneur de foot, on choisit les chroniqueurs pour avoir un cocktail original. Je n'ai pas une science exacte mais je sais qui fonctionne bien avec qui. Au théâtre, il y a deux semaines, il y avait Cyrus North et Etoiles. C'est marrant parce que Cyrus est plus bobo parisien et Etoiles peut se moquer de lui.

"Je rêve de recevoir Zizou" Domingo

Quelle est la personnalité que tu rêves de recevoir dans "Popcorn" ?
La saison 2 a été un peu un tournant. J'avais reçu deux invités dans la saison : Thomas Pesquet et Alexandre Astier. On ne voulait pas des invités juste pour avoir des invités. Ca a été quelque chose de très fort. Ca a aussi propulsé "Popcorn" dans une autre dimension. Les médias et les personnes qui ne connaissaient pas l'émission se sont dit : "Tiens, ça a l'air d'être sérieux ce qu'ils font sur Twitch". Aujourd'hui, je pense à un profil comme celui d'Alain Chabat, même s'il a déjà participé à la dernière édition du ZEvent. Mais c'est ce type de personne. Au-delà de leur promotion, on a envie de les entendre parler de différents sujets. Sans être France Inter, hein ! (rires) Mais on est intéressé d'avoir leur vision sur la nouvelle génération. Puis, après, oui, j'ai envie de recevoir Zizou. Ca reste un rêve. Mais tout ne se prête pas à "Popcorn". En revanche, dans mon émission de cuisine, je pense qu'un mec comme Vald serait plus intéressant. Il y aurait un aspect plus intimiste que sur un plateau de télévision.

Puis, il y a un aspect très "promotionnel" des invités dans les talks...
Pour tout dire, à mes débuts, j'étais un peu naïf. Je me disais qu'on allait pouvoir recevoir des invités et ne pas s'intéresser à la promotion. Eux, ils ne s'en moquent pas de la promotion. Quand ils n'ont rien à vendre, ils n'ont pas envie de venir. J'ai pris cette réalité en pleine face. Et en même temps, on a refusé plusieurs gros noms parce qu'on n'avait pas envie de faire la promotion d'une chose qui ne nous donne pas du tout envie. Il faut savoir mettre le curseur au bon endroit.

Mardi 27 septembre dernier, vous avez tourné "Popcorn" dans un théâtre. Est-ce que vous aimeriez que l'émission soit davantage tournée avec du public ?
C'est une interrogation que nous avons depuis très longtemps. Je trouve plus facile d'animer avec du public. Quand tu dis "bonjour", il y a tout le monde qui se met à applaudir. On avait même réfléchi à avoir seulement un petit public. Puis, on s'est rendu compte qu'on allait être comme à la télévision. On n'avait pas envie d'avoir des robots qui applaudissent quoi qu'il arrive. Je trouve que ça n'a aucune saveur et aucune plus-value. Parfois, ça peut aussi casser l'aspect intimiste. Avec cette émission au théâtre, on voulait proposer un contenu différent pour la rentrée. Je n'avais pas fait grand chose pour les Parisiens. Habituellement, j'aime bien me rendre dans les autres régions françaises. Là, on avait juste envie de voir les gens. On a proposé un prix abordable, 15 euros. Ca justifiait de ne pas produire un énorme show. On en refera un peu de temps en temps, mais on ne l'annoncera pas longtemps à l'avance. J'apprécie le côté surprise de l'événement.

"Au 'Popcorn Festival', on a eu une habitante qui est venue se plaindre que sa maison était en train de trembler" Domingo

L'événement la saison dernière, ça a été le lancement du "Popcorn Festival". D'où est venue cette idée folle ?
L'idée est venue lors du précédent ZEvent. On voulait faire un "Popcorn" dans la vraie vie, mais pas une émission classique, comme on a fait au théâtre. Avec Théo Kleman, on a réfléchi à un format différent et on a imaginé cet événement comme une sorte de fête du streaming. Tout a été monté en trois mois. On a cherché un endroit cool pour proposer du divertissement dans la vraie vie. On a aussi fait venir de gros artistes musicaux comme PLK. J'avais un peu peur parce que c'était à Moncuq, à 6h30 de Paris. La gare la plus proche était à 40 minutes. C'était un bourbier sur place ! Et au final, on a vendu 4.500 places en à peine 5 minutes. Les gens étaient très contents. Moi, après le Covid, j'avais le sentiment que les gens voulaient sortir de nouveau, mais je craignais que cette ambiance ne plaise pas à notre public. Et au bout du compte, les gars étaient encore là, à 4h du matin, à écouter Asdek. J'ai apprécié la bienveillance du public. Ca rassure sur le chemin qu'on prend.

Domingo au "Popcorn Festival" © Domingo

Comment les habitants de Montcuq ont-ils vécu ce festival ?
Il y a eu une ou deux personnes qui se sont plaintes. Elles n'étaient pas habituées du tout. On a eu une habitante qui est venue se plaindre que sa maison était en train de trembler. (rire) Mais la majorité des personnes nous ont dit que c'était trop cool. Le maire était à fond ! Pour tous les gens de la région, c'était un événement. J'ai beaucoup aimé l'aspect local du festival. D'ailleurs, nous sommes en train de réfléchir pour faire une deuxième édition du "Popcorn Festival". On ne le fera pas à Montcuq, parce que c'était un peu perdu et il fallait huit trains différents pour venir. (sourire) Mais ça me plaît de mettre en lumière certains coins de France, qui ont leurs spécificités. Puis, ça crée aussi un peu d'activité économique sur la zone.

"A la dernière édition de 'L'échappée', McFly et Carlito ont été chaud bouillant. McFly était monstrueux. C'était une machine" Domingo

Vous ne cachez pas votre passion du sport. Vous avez lancé le format de "L'échappée", une course de vélo virtuelle. Il y a eu la 4e édition il y a quelques mois. Comment arrive-t-on à convaincre des streameurs et des youtubeurs à se mettre au vélo ?
Ca fait longtemps que j'avais envie de ce format. Ce mélange de vélo et de jeux vidéo. Au début, j'avais envie de créer un vrai peloton avec 50 ou 60 personnes. Mais d'un point de vue technique, c'était galère. Moi, j'aime bien le cyclisme. J'ai découvert ça tardivement. J'aime le côté effort et dépassement de soi. Ce sont des valeurs qui me plaisent. Pendant longtemps, le jeu vidéo était associé à du négatif. On imaginait le joueur comme un gros porc boutonneux. Je me suis dit que voir que des streameurs, avec des physiques lambdas, se donnaient au sport, ça ouvre des perspectives. Personnellement, je suis parti de zéro. J'avais commencé par le semi-marathon, puis un marathon. J'ai lancé le "Big Nine" (une course mêlant créateurs de contenus et athlètes, ndlr). Il y avait Jiraya, qui est fumeur et pas du tout sportif. Tout le monde l'avait accompagné pour finir les neuf kilomètres. J'ai eu tellement de messages de gens qui m'ont dit : "Tu m'as tellement motivé à faire du sport et à bouger". Au-delà du côté "Faites du sport" ou "Bande de merdes, vous n'avez pas fait vos pompes ?" comme Tibo InShape, j'avais plus envie de dire : "Si ça te fait du bien de faire du sport, c'est trop bien".
Et donc pour "L'échappée"... Désolé j'ai divagué, ça fait partie du métier de streameur. C'est relou ! (rires) "L'échappée", j'avais envie de réunir les gens et de créer une petite compétition. Et c'est allé de plus en plus loin.

L'édition 2022 de "L'échappée" au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. © Domingo

Même techniquement... Vous êtes passé d'une petite salle avec des vélos d'appartement à un immense studio avec du public.
Oui, on a eu envie de frapper fort ! Je ne sais pas si je referai une nouvelle édition. Eventuellement un "all-star" avec les meilleurs. Lors de la dernière édition, j'ai un peu moins mis le côté "dépassement de soi", pour davantage de côté "compétition". Malgré tout, ça reste un divertissement. On a voulu garder toutes ces valeurs. A chaque fois, tous sont à fond. Ils prennent la compétition très au sérieux. C'est agréable quand tu organises ce type d'événement et que ça se passe bien. A la dernière édition, McFly et Carlito ont été chaud bouillant. McFly était monstrueux. C'était une machine. (rire)

"J'ai déjà refusé pas mal de choses autour de la Coupe du monde au Qatar" Domingo

Quel est votre prochain challenge sportif pour Twitch ?
Après avoir réalisé le marathon - avec un assez bon temps, 3h24 -, les gens m'ont demandé quand est-ce que je ferai l'Iron-Man (3,8 kilomètres de natation, 180,2 kilomètres de cyclisme et un marathon, ndlr). Je leur ai dit : "Mollo !". Mais j'aime bien mélanger l'incongru au divertissement et aux bonnes valeurs. Récemment, j'ai grimpé le Mont Ventoux en tandem avec Ponce. C'était trop bien. En tandem, c'était l'enfer. (rires). J'ai envie de découvrir de nouveaux sports. J'en ai déjà parlé : le padel, je trouve ça cool à mettre en lumière. Pour un nouveau challenge, il faut penser à la forme du live que je vais proposer. Quand j'ai couru le marathon, il y avait 5.000 viewers pour me voir franchir la ligne d'arrivée. Mais il y a eu 3h30 de direct où les viewers se sont ennuyés. Voir un mec courir un marathon, ça peut être lassant. Donc, je réfléchis toujours à mes prochains défis, mais je ne veux pas me mettre une pression. Il faut un format qui soit adapté et qui me plaise. J'ai cette réflexion : comment mon plaisir peut devenir un concept ?

Il y a un autre événement sportif à venir, la Coupe du monde au Qatar. Comment allez-vous couvrir ce rendez-vous très critiqué sur "Popcorn" ?
Je n'y ai pas réfléchi... C'est difficile... Cet événement pose beaucoup de questions. Le climat est très particulier en ce moment. Même avec l'équipe de France. On n'y va pas comme des winners. Je ne sais pas encore ce que je vais faire. J'ai déjà refusé pas mal de choses autour de la Coupe du monde. Après, ça me permet d'avoir des réflexions qui me font grandir en tant qu'humain. Je n'ai pas envie de boycotter à tout prix, mais je ne suis pas emballé par tout ce qui s'y passe. C'est terrifiant. Quand il y a eu le ZEvent autour de l'écologie, je me suis posé énormément de questions sur moi. Je n'étais pas à l'aise. Je revenais de vacances à New York avec ma copine... J'ai envie de voyage mais comment bien le faire ? Comment on se limite pour voyager sans forcément prendre l'avion ? Et si on partait ailleurs ? En France ? J'ai eu plein de petites questions comme ça. J'espère qu'elles feront de moi un meilleur être humain.

*collaborateur de Webedia, société éditrice de puremedias.com.

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