Des ambitions intactes après avoir tutoyé le gouffre. Interviewé par "Les Echos" aujourd'hui, Vincent Labrune a dévoilé son plan de développement pour la Ligue 1, avouant que le championnat français a été "en quasi-faillite" ces deux dernières années. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP) entend désormais en faire un poids lourd du marché européen avant la fin de la décennie 2020.
Il vient pour ce faire de conclure un accord avec le fonds d'investissement luxembourgeois CVC, qui va injecter pas moins de 1,5 milliard d'euros dans le championnat français. En échange, CVC possèdera 13% de la nouvelle société commerciale créée par la LFP pour vendre les droits de la Ligue 1. Grâce à cette manne, Vincent Labrune promet un "produit Ligue 1" "professionnalisé" avec plus de "spectacle", de "performances", et surtout de "revenus".
Alors que l'obsession du milliard d'euros a conduit la Ligue à se jeter imprudemment dans les bras de Mediapro en 2018, celle-ci affiche toujours un féroce appétit concernant les droits télé. "Le business plan validé avec CVC est d'atteindre des droits de 1,8 milliard d'euros par an d'ici 2028", proclame ainsi sans ambages Vincent Labrune. Seul hic : les droits actuels de la Ligue 1, domestiques comme internationaux, ne dépassent pas 743 millions d'euros, soit 2,4 fois moins que le montant visé.
Pour atteindre ses objectifs, Vincent Labrune compte bien sur les poches profondes des GAFAM. Après avoir confié 80% des matchs à Amazon Prime Video jusqu'en 2024, le président de la LFP entend prolonger la lune de miel dans les années à venir. "Les Gafa vont continuer de s'intéresser à des contenus premium et notre ambition est de pouvoir leur proposer ce spectacle exclusif et de qualité. Le football, c'est le sport du futur", prêche-t-il.
Désireux de ménager tout le monde, Vincent Labrune tente en même temps de rabibocher la Ligue avec Canal+, son "partenaire historique", avec qui les relations sont devenues exécrables. "Il y a eu de la rancoeur et nous sommes en train de reconstruire avec eux une relation de confiance", veut faire croire le président de la LFP. Et de conclure : "Nous ne les ferons pas changer d'avis, s'ils devaient décider qu'ils n'ont plus besoin du football français. Mais nous n'avons jamais dit que nous voulions tout faire sans eux".