DSK ouvre les hostilités en avance. Ce soir en prime time, France 2 diffusera un numéro de "Cash investigation" sur les affaires fiscales de Dominique Strauss-Kahn au Maroc et aux Emirats arabes unis. Pour le magazine présenté par Elise Lucet, la journaliste Linda Bendali s'est penchée pendant des mois dans les "Pandora Papers", du nom de ces millions de documents confidentiels obtenus par le Consortium international des journalistes d'investigation.
Au terme de ses investigations, l'enquêtrice a ainsi mis au jour des informations inédites sur Dominique Strauss-Kahn. Parmi elles, celle selon laquelle l'ancien patron du FMI aurait implanté ses sociétés au Maroc et aux Emirats arabes unis afin de ne pas payer d'impôts sur les sociétés pendant plusieurs années.
Résident français en mai 2013 à en croire le magazine, l'ex-membre du Parti socialiste aurait créé en 2012, toujours selon "Cash Investigation", une société de conseil, Parnasse International, immatriculée en 2013 dans le nouveau quartier d'affaires de Casablanca, la Casablanca Finance City. Une manoeuvre qui lui aurait permis de ne payer aucun impôt sur les sociétés pendant cinq ans, comme le prévoit la réglementation en vigueur dans cette oasis fiscale. C'est ainsi à partir de la sixième année qu'elles doivent s'acquitter d'un impôt de 8,75% contre 33,13% en France, à la même époque.
Après la diffusion dimanche de la première bande-annonce de ce numéro de "Cash investigation", Dominique Strauss-Kahn a réagi lundi, via son compte Twitter, aux premières révélations de l'enquête de la Deux. "Quand la méchanceté devient mensonge. Vos équipes de professionnels auraient pu vérifier que je suis résident fiscal marocain depuis 2013 et que j'y paye mes impôts à hauteur de 23,8% de mes bénéfices, soit 812.000 euros pour les années 2018, 2019 et 2020", a-t-il écrit.
Contactées mardi par puremedias.com, Elise Lucet et Linda Bendali ont indiqueé que ce tweet de DSK est "une espèce d'amalgame". "Nous parlons de deux choses différentes et de deux périodes différentes. Nous parlons de l'impôt sur les sociétés de 2013 à 2018. Il parle du fait qu'il est résident fiscal marocain et avance des chiffres sur les années postérieures, de 2018 à 2020", a expliqué Elise Lucet, qui a regretté que Dominique Strauss-Kahn ait réagi "avant d'avoir vu l'enquête" : "Depuis que l'émission est disponible sur france.tv, il n'y a pas eu d'autres réactions".
Dans le détail, Linda Bendali a précisé la méthode retenue par Dominique Strauss-Kahn : "Ce qu'on raconte dans l'enquête, c'est qu'il a créé une société en 2012 en France, Parnasse International. En 2013, il délocalise son activité dans la Casablanca Finance City, alors qu'il habite en France. C'est grâce à ça qu'il ne va pas payer d'impôts sur les sociétés pendant cinq ans".
"Dans la deuxième partie de son tweet, il additionne deux impôts qui n'ont absolument rien à voir : les impôts sur les revenus et les impôts sur les sociétés. Puis, il mélange les périodes. Il a additionné les 15% d'impôts sur les revenus, avec les 8,75% sur les sociétés, qu'il paye uniquement depuis 2018", a détaillé l'enquêtrice. Et de confier : "C'est un peu bizarre de la part d'un économiste de haut rang".
Enfin, Elise Lucet a assuré avoir "tout fait pour le joindre" : "Nous avons contacté son assistante en ligne et son avocat par mail. Moi, j'ai appelé son portable français et marocain. Je lui ai laissé des messages partout". "Malheureusement, il n'a pas souhaité répondre à nos questions. Moi, ce qui me frappe un peu, c'est répondre par un tweet de trois lignes, en décalage par rapport à ce que nous disons. C'est dommage. On le regrette. On aurait préféré un entretien en bonne et due forme", a conclu la présentatrice de "Cash investigation".