Après la Une contestée de Libération, l'éditorial du Monde. Dans son édition à paraître cet après-midi, le quotidien de référence accuse Nicolas Sarkozy de "faute politique et morale" après ses déclarations sur le FN, mardi soir à Longjumeau. Le Chef de l'Etat avait considéré Marine Le Pen comme "compatible avec la République" lors d'un aparté avec les journalistes après avoir prononcé un discours aux accents frontistes. "Le président de la République est, par définition, le président de tous les Français (...) Il est donc logique que les candidats à la fonction s'adressent à tous les électeurs, y compris, évidemment, ceux du Front national" écrit le quotidien à sa Une dans un éditorial titré "La fin ne justifie pas tous les moyens."
Puis Le Monde s'attaque violemment aux positions du président sortant, qui "a franchi, depuis deux jours, la frontière entre compréhension et compromission" malgré son engagement à ne pas signer d'accord avec le Front National ce matin sur France Info. "Il a désormais adopté le langage, la rhétorique et, partant, les idées, ou plutôt les obsessions, de Mme Le Pen écrit le quotidien. Ainsi de cette façon d'attiser les peurs de la société française plutôt que de tenter de les apaiser. Ainsi de cette stigmatisation des 'élites', jetées en pâture au 'peuple'. Ainsi de cette dénonciation du 'système', dont on se demande bien ce qu'il est, sinon la République dont il devrait être le garant".
Le quotidien n'hésite pas à parler de "faute politique" car "le coeur du projet lepéniste reste ce qu'il a toujours été : rétrograde, nationaliste et xénophobe." Rappel est donné de la position de son prédécesseur, Jacques Chirac, qui "avait courageusement rappelé que la République française assure l'égalité de tous, 'sans distinction d'origine, de race ou de religion', selon les termes de la Constitution". Le Monde parle aussi de "faute morale" car "l'élection ne légitime pas tous les cynismes."
Cet éditorial risque de faire grand bruit. Et Nicolas Sarkozy ne manquera probablement pas de railler "les médias et les élites" comme il s'y emploie depuis plusieurs semaines, tout en rappelant les positions idéologiques des propriétaires du quotidien. Pierre Bergé, Mathieu Pigasse et Xavier Niel, tous réputés proches de la gauche. En janvier dernier, Pierre Bergé avait officiellement déclaré son soutien à François Hollande, tout en précisant que Le Monde ne devait pas donner de consigne de vote.
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