Hier soir, quelques jours avant le scrutin européen, Emmanuel Macron a accordé une dernière interview au vidéaste Hugo Travers, retransmise en direct sur sa chaîne Youtube et sur sa page Facebook. Au cours de l'entretien, le président de la République a été interrogé sur l'affaire des journalistes convoqués par la DGSI. En effet, "Le Monde" a révélé mercredi que sa reporter Ariane Chemin sera convoquée par la Direction générale de la sécurité intérieure le 29 mai prochain, pour certaines révélations dans les affaires Benalla. Dans "Quotidien", Valentine Oberti a confié également mercredi soir avoir été entendue par les policiers des services secrets français en février dernier, après une révélation sur la vente d'armes françaises au coeur du conflit au Yémen. Selon l'AFP, Louis Dreyfus, président du directoire du "Monde", sera aussi entendu prochainement par la DGSI. Au total, neuf journalistes ont été ou vont être auditionnés par la DGSI.
"Pour la DGSI, il y a deux affaires. Liberté de la presse et liberté des sources totales. Mais elles doivent être composées avec les libertés des autres ! Il y a l'affaire des armes au Yémen où des journalistes ont révélé le contenu d'une note confidentielle des services", a débuté Emmanuel Macron, en référence aux révélations du média "Disclose" et de "Quotidien". Et de poursuivre : "Ils font leur travail de journaliste. On ne leur demande pas d'où ça vient. Il y a la protection des sources. C'est très bien. On la protège et j'y veille."
Toutefois, le chef de l'Etat nuance son propos : "Mais à côté de ça, il y a une sécurité nationale. Elle crée des obligations de réserve. On doit composer avec les deux. Donc, il y a une enquête qui a été ouverte sur ce sujet. Parce que c'est grave. Parce que sinon n'importe quel journaliste peut se procurer par une indélicatesse des documents qui relèvent de la sécurité nationale et les mettre sur la place publique". Selon le président français, ces informations révélées peuvent menacer la sécurité des Français : "Quand c'est classifié en sécurité nationale, c'est qu'il y a une raison."
"Deuxième affaire, c'est la révélation du nom d'une personne des forces spéciales liée à la fameuse affaire Benalla. Dans le cas présent, ce n'est pas l'Etat qui a porté plainte. La convocation de journalistes du 'Monde' est liée à la plainte de cette personne. Celle-ci mène une activité confidentielle et dangereuse", a expliqué Emmanuel Macron. Et d'ajouter : "Son nom a été révélé par les journalistes. Lui, en tant que citoyen, a porté plainte. Il est normal que la justice se penche dessus. Le procureur a demandé à la DGSI que ces journalistes soient auditionnés". Le président de la République a martelé que dans cette affaire "le gouvernement n'y est pour rien", mais qu'il est "obligé de protéger toutes les libertés" : "La liberté de la presse mais la liberté des individus aussi". puremedias.com vous propose de visionner la séquence à partir de 26'24.