Une exception en passe de devenir la norme ? Le procès des attentats de janvier 2015, qui se tient actuellement devant la Cour d'assises spéciale de Paris jusqu'au mois de novembre, est un procès filmé en raison de sa dimension historique. Une décision exceptionnelle puisqu'il s'agit du premier procès pour terrorisme immortalisé par les caméras.
C'est seulement le 14e à pouvoir l'être depuis la loi Badinter du 11 juillet 1985. Lorsque la justice aura rendu sa décision définitive, les vidéos conservées par les Archives nationales devront, pour toute demande de reproduction ou de diffusion, recevoir l'aval du président du Tribunal judiciaire de Paris et ce pendant cinquante ans.
Un carcan auquel entend bien mettre fin Eric Dupond-Moretti. Le garde des sceaux a en effet participé à une rencontre organisée face aux lecteurs du "Parisien", au cours de laquelle le fonctionnement de la justice n'a pas manqué d'être mis en cause par une des participantes. "Quand on rentre au palais de justice et qu'on prête serment, on se rend compte à quel point c'est compliqué", a réagi le ministre en faisant référence aux procès en assises au cours desquels de simples citoyens sont appelés à siéger.
Et Eric Dupond-Moretti de lancer, pour aller au bout de son raisonnement : "D'ailleurs, je suis pour que la justice soit désormais totalement filmée et diffusée. La justice doit se montrer aux Français. La publicité des débats est une garantie démocratique. On y réfléchit avec mes services. J'aimerais porter cela avant la fin du quinquennat", assure-t-il alors que le mandat d'Emmanuel Macron s'achèvera en mai 2022.
La question, sensible, ne manquera pas de faire réagir le monde de la justice. Interrogée ce matin sur BFMTV, la secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature Sarah Massoud s'est déclarée favorable au principe, tout en faisant part de son inquiétude sur les modalités, avec le risque d'une "justice spectacle" aux "relents hanounesques", a-t-elle lancé en faisant référence à l'animateur de C8.