Les divisions au sein de "Charlie Hebdo" s'étalent sur la place publique. Hier sur le plateau du "Petit Journal", Yann Barthès recevait Eric Portheault, directeur financier de "Charlie Hebdo" et co-actionnaire du journal. D'habitude très discret, ce dernier a tenu à répondre aux accusations de Zineb El Rhazoui proférées la veille sur le même plateau.
Mardi 19 mai, la journaliste de "Charlie Hebdo" avait ainsi vivement critiqué sa direction, émettant des doutes sur l'utilisation de l'argent récolté par l'hebdomadaire depuis l'attentat du 7 janvier dernier. "Nous considérons que cette énorme vague de soutien qui est venue de la part des Français (...), c'était pour que 'Charlie' perdure, c'était pour aider les blessés, c'était pour que ce journal survive, c'était pour les familles des morts (...) Ce n'était certainement pas pour aller dans les poches des actionnaires de Charlie", avait-elle lancé. Zineb El Rhazoui avait aussi de nouveau expliqué que la direction du journal satirique avait tenté de l'évincer en lui envoyant une lettre de convocation à un entretien préalable au licenciement.
Des accusations qu'Eric Portheault n'a visiblement pas digérées. Il a ainsi demandé un droit de réponse à Yann Barthès "pour rétablir certaines vérités". Sur le fond, il a tout d'abord nié que la direction ait eu l'intention de licencier Zineb El Rhazoui en lui envoyant ce courrier. De manière assez surprenante, Eric Portheault a cependant expliqué dans la foulée que la médiatisation de l'affaire par la journaliste avait justement contraint la direction à arrêter "la procédure".
A propos de l'utilisation de l'argent récolté depuis les attentats, le directeur financier a contredit les affirmations de Zineb El Rhazoui. "Nous avons toujours été totalement transparents", a-t-il fait valoir à ce sujet. Eric Portheault a ensuite affirmé que l'argent tiré des ventes du journal depuis janvier restera dans les caisses de "Charlie Hebdo" pour en assurer la "pérénnité". Il a également précisé que les 4,3 millions d'euros de dons récoltés seront quant à eux "intégralement versés aux victimes". Eric Portheault a tenu à rassurer sur l'ambiance au sein du journal. "J'aimerais que nous retrouvions une certaine sérénité", a-t-il cependant lancé en conclusion. Et d'ajouter : "J'aimerais que certaines personnes cessent de se répandre dans les médias. On a juste besoin de sérénité. Si les gens sont sereins, ça se passera très bien".