Le clin d'oeil est revenu à plusieurs reprises ce matin sur les réseaux sociaux. Nikos Aliagas, "The Voice" de la rentrée radio, faisait ses premiers pas en tant que matinalier sur Europe 1. Un pari d'ampleur pour ce taulier de la télé qui offrira cette saison à la station de la rue François Ier sa troisième matinale en trois ans. Et c'est donc au petit matin, à 7h, après "Debout les copains", la nouvelle pré-matinale de Matthieu Noël, que la voix de Nikos Aliagas s'est mise à résonner dans les postes, autoradios et autres smartphones, juste après le son revisité du carillon. Faisant à nouveau feu de tout bois, la station s'est bien sûr dotée d'un nouvel habillage sonore.
"Le ton est bon, l'envie est là. Dans la matinale d'Europe 1, votre avis compte. Appelez-nous au standard", lâche d'emblée le successeur de Patrick Cohen, donnant le la d'une matinale, et plus globalement de toute la station, qui affiche pour ambition de se reconnecter avec ses auditeurs. De fait, tout au long des deux heures de matinale, Nikos Aliagas et Céline Da Costa, nouvelle horloge de la matinale de la station, vont régulièrement appeler les auditeurs à joindre le standard pour s'exprimer sur un sujet d'actualité. Dans les faits, ce ne sera le cas qu'une seule fois, à 7h41, avec l'intervention de "Marie-Anne du Loiret", désireuse de s'exprimer sur son rapport à l'Église, alors que la visite du pape François en Irlande, et ses propos sur l'homosexualité, font la Une de l'actualité.
C'est aussi avec une matinale très séquencée, sans temps morts, et au rythme plus soutenu que la précédente, que les auditeurs d'Europe 1 ont démarré leur journée. Les rubriques s'enchaînent les unes après les autres. À 7h10, Nicolas Barré livre son édito éco. Trois minutes plus tard, Martin Feneau, sur fond d'accordéon, est en duplex de Dijon pour parler du Dijon Football Côte-d'Or pour la rubrique "Vous êtes où ce matin ?". À 7h20, Guillaume Biet, spécialiste police/justice de la station, retrace l'affaire Maëlys dans "On va plus loin". Puis, à 7h25, c'est au tour d'Anicet Mbida de présenter "L'innovation du jour". Le reste de la matinale se poursuit sur ce rythme soutenu, avec pêle-mêle les interventions d'Axel de Tarlé, Jean-Philippe Balasse ou encore David Abiker pour la revue de presse de 8h30.
Deux temps, plus longs, restent consacrés à l'interview. À 7h45, c'est Nikos himself qui s'y colle. Pour cette première, l'animateur de "The Voice" recevait Michel-Édouard Leclerc, loin d'être le client le plus difficile dans ce type d'exercice, pour parler de l'arrivée de l'enseigne dans le secteur de la distribution d'électricité. L'interview, d'un format réduit de cinq minutes, se passe sans anicroches et se termine dans la bonne humeur. Le ton est plus solennel, en revanche, pour l'interview politique de 8h15, assurée par Audrey Crespo-Mara. La journaliste, inexpérimentée en radio, s'est montrée à l'aise dans l'exercice, transposant ce qu'elle faisait la saison dernière sur LCI avec notamment la reprise de "la question off" en fin d'interview. Pour cette première, elle recevait Gérard Larcher, patron du Sénat, autre bon client des matinales radio.
De ces deux heures d'émission, il en reste une impression de grande rondeur. Nikos ne cultive pas le clivage. Les partis pris, comme celui de Jean-Michel Aphatie qui peste contre l'immobilisme face au réchauffement climatique, sont mesurés. Seul Vincent Hervouët, rare survivant de la précédente matinale, dénote avec le ton plus tranché qui le caractérise lorsqu'il évoque "Angela Merkel qui a mis l'Union Européenne cul par-dessus tête". Contrairement à l'année dernière, le débat est l'un des grands absents des deux heures d'émission et les éditorialistes se succèdent sans contradicteurs. Un rôle que pouvait parfois prendre Patrick Cohen mais que Nikos ne semble pas prédisposé à tenir.
Si l'heure n'est pas au débat dans la nouvelle matinale d'Europe 1, elle est en revanche à la pédagogie. Là où la matinale de Patrick Cohen pouvait sembler parfois trop pointue, celle de Nikos se veut clairement plus accessible, dans la perspective de renouer avec l'ADN populaire de la station. L'animateur enchaîne les questions simples comme lorsqu'il demande à Michel-Edouard Leclerc : "C'est quoi l'énergie verte ?". À cette culture de la proximité avec les auditeurs et de la pédagogie, s'ajoute la carte de l'humour, toutefois réduite au seul billet de Nicolas Canteloup. L'humoriste, qui est toujours en vacances, ne s'est contenté que d'une brève apparition par téléphone vers 8h40 pour cette première. L'occasion de réentendre brièvement la voix de Julie. Si l'absence de cette dernière se ressent inévitablement pour les habitués, Céline Da Costa s'est montrée à l'aise dans son nouveau rôle (limité) d'accompagnatrice.
Au global, c'est donc avec une matinale qui est un bon condensé d'actualité sans prétention que les auditeurs d'Europe 1 se sont réveillés ce matin. S'il est forcément déstabilisant d'entendre Nikos parler de l'affaire Maëlys ou des allocations familiales, force est de constater que ce dernier s'est montré à l'aise dans l'exercice, malgré quelques compréhensibles hésitations et une propension à faire parfois un peu trop pour jouer la carte de la proximité. L'ensemble, piloté par l'expérimenté rédacteur en chef Thierry Dagiral (ex-"C dans l'air"), se tient avec des journaux complets, assurés par Hélène Zelany (7h), Céline Kallmann (7h30) et David Doukhan (8h), et des rubriques riches mais jamais indigestes. Prometteur !