Entre Benjamin Biolay et le Front national, c'est une longue histoire. A l'automne 2012, le parti de Marine le Pen s'était vivement agacé du texte de "Vengeance", une chanson de l'album éponyme du chanteur dans lequel il évoquait la mort de Jean-Pierre Stirbois, ancien cadre du parti d'extrême droite, disparu dans un accident de voiture en 1988. "La vengeance est un plat que certains mangent froid comme Stirbois s'est mangé son cèdre", chantait-il.
Le parti avait alors immédiatement défendu la mémoire de son ancien député, estimant que Benjamin Biolay était un "rebelle en peau de lapin". "Il n'y a rien de cynique dans ces mots. (...) Je dis juste qu'il s'est pris un arbre, je ne juge pas", s'était défendu le chanteur, estimant ne pas être un militant anti-FN. "Si j'avais voulu écrire une chanson anti-FN, j'aurais fait autre chose", avait ajouté celui qui avait soutenu la candidature de François Hollande en 2012.
Un an et demi plus tard, Benjamin Biolay a justement trouvé "autre chose" à dire. Hier soir, le chanteur a mis en ligne sur son compte Soundcloud une chanson inédite intitulée "Le Vol Noir". Sur son compte Twitter, il explique que celle-ci est "post-soirée électorale". Les textes sont donc à analyser sous le prisme de cette actualité politique. Pendant 3'40, Benjamin Biolay y exprime son dégoût face au score réalisé dimanche par le Front National lors des élections européennes.
"Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur la plaine", chante Biolay qui paraphrase "Le Chant des partisans", l'hymne de la Résistance française durant l'occupation. "Vous ignorez tout de la matière que vous remuez mais quand ça éclabousse, non, nul n'est épargné", invective le chanteur de la "Superbe".
Vous faites des tweets, moi des chansons.Chacun s'exprime.C'est beau. #VivelaFrance
- Benjamin Biolay (@Benjamin_Biolay) 28 Mai 2014
"A vous chers disparus ce soir, si vous aviez vu ce vieux pays de lumière choir et tomber sur le cul comme une tête couronnée sous le quolibet cru. Quand le ciel tombe sur la tête, on est toujours pieds nus", chante-il d'emblée avant d'évoquer la victoire du FN comme une "indignité" et les membres de ce parti comme des "pathologiques menteurs professionnels".
Benjamin Biolay n'est pas le premier à écrire des chansons anti-FN. En 2002, Damien Saez avait écrit le titre "Fils de France" après la défaite de Lionel Jospin à la présidentielle et la qualification de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour. Plus récemment, Yannick Noah a exprimé sa "Colère". "Ma colère n'est pas un Front, elle n'est pas nationale", avait chanté l'ancien vainqueur de Roland Garros.