Après un bon sondage en janvier/mars 2014, Europe 1 suit la tendance baissière de ses concurrentes, avec 138.000 auditeurs égarés sur un an (-2,9%). Même si elle résiste mieux que les autres généralistes, il s'agit de son plus mauvais score depuis janvier/mars 2013 en audience cumulée à 8,7 point. Europe 1 peut cependant se consoler avec une part d'audience en forte progression, à 8,2% (+0,9). Mais on est encore loin de l'objectif, fixé à 10.
En moyenne sur les 4 sondages, Europe 1 signe quand même sa meilleure saison depuis quatre ans en audience cumulée. Contrairement à certains pronostics, son écart avec RMC s'amplifie sur la période, à près de 600.000 téléspectateurs de différence. puremedias.com a donc demandé au directeur général de la station, Fabien Namias, d'analyser cette performance contrastée.
Propos recueillis par Benjamin Meffre
puremedias.com : Vous limitez la casse sur cette vague en étant la généraliste qui chute le moins. Mais peut-on pour autant dire qu'il s'agit d'une bonne vague pour Europe 1 à 8,7% de AC ?
Fabien Namias : A 8,7 points d'audience cumulée, c'est une audience moyenne. Je serais hypocrite de dire l'inverse. En revanche, si on regarde le marché, il en va autrement. Sur cette vague, le marché des radios généralistes s'effondre avec deux d'entre elles (RTL et France Inter, ndlr) qui chutent dans des proportions quasiment jamais vues et une autre qui baisse bien plus fortement que nous. C'est d'ailleurs pour ça que notre part d'audience augmente. Donc, 8,7 en audience cumulée, c'est insuffisant pour Europe 1. Mais compte tenu du contexte, on préfère être à notre place qu'à celle de nos concurrents.
On est cependant encore loin des 10% de part d'audience, votre objectif affiché à moyen terme ?
Absolument. Moi, mon raisonnement a toujours été très simple. On doit se mesurer par rapport au marché. La seule chose qui m'importe, c'est l'écart. Est-ce qu'Europe 1 a resserré l'écart avec les généralistes qui la précèdent, en l'espèce RTL et France Inter ? La réponse est oui ! Après, on peut et on doit faire mieux que les scores d'aujourd'hui. J'ajoute que quand je regarde la grille d'Europe 1, 75% des quarts d'heure progressent. J'aurais la décence de ne pas parler de nos concurrents mais je peux vous dire que nous sommes les seuls dans ce cas-là. La meilleure tendance, c'est celle d'Europe 1, ça c'est un fait !
Comment expliquez-vous la baisse du média radio sur la période et plus particulièrement des généralistes ? Est-on face à une vague atypique ? On a parlé de l'impact des ponts de mai...
J'espère qu'elle sera atypique. Oui, il y a un impact des ponts de mai. C'est pénalisant pour les grandes radios généralistes. Mais il y avait aussi, je pense, une forme de défiance et de lassitude vis-à-vis des acteurs traditionnels de l'actualité comme les corps intémédiaires, les politiques mais aussi les médias. Comme tous nos concurrents, nous avons été victimes du côté : "faisons table rase de la politique" qu'il y a eu après les municipales. Nos audiences ont baissé d'un coup et après, en mai, on a eu les ponts. Heureusement, il y a eu le mois de juin où les gens ont réécouté les généralistes et chez nous, l'effet positif et fédérateur du Mondial a joué à plein. De ce point de vue-là, c'est une vraie satisfaction pour Europe 1 car nous avions misé beaucoup sur cette Coupe du monde et ça a payé. Nous sommes la radio qui a le plus profité du Mondial puisqu'on a accru l'écart avec nos concurrents sur cette période. Ça, c'est un vrai plaisir.
Vous avez France Inter dans le viseur désormais ?
Moi, ce que je veux, c'est progresser. A 8,7 points, on est en-dessous du poids de forme d'Europe 1. On a une tendance à la hausse et des concurrents qui sont destabilisés. La logique veut qu'on progresse. Si cette progression nous permet de passer devant notre concurrent France Inter, tant mieux ! Je m'en réjouirai ! Je pense qu'on peut le faire. Après, je n'en fais pas une obsession.
Vous signez votre meilleure saison depuis quatre ans sur les quatre dernières vagues. On imagine que vous êtes personnellement satisfait, vous qui êtes devenu DG de la station en mars 2013 ?
En réalité, c'est une satisfaction collective. Moi tout seul, je suis incapable qu'Europe 1 obtienne des résultats de cette nature. Il y a Denis Olivennes, Bruno Gaston (directeur délégué d'Europe 1, ndlr) et une équipe de 350 personnes qui bosse jour et nuit pour atteindre ces résultats. On a mis la radio sur un axe et on l'y maintient. On renoue avec l'image d'Europe 1 comme radio de qualité, moderne et qui bouscule. Ça, c'est l'ADN d'"Europe". Ça a marché cette saison. Après, pas de triomphalisme. Il ne faut pas se laisser aller. Nos concurrents ont du talent et vont se reprendre. La partie est loin d'être gagnée. La différence, c'est qu'Europe 1 est en bonne santé et ses concurrents sont malades.
La matinale de Thomas Sotto progresse par rapport à la vague de janvier-mars alors que celles des autres généralistes sont en recul ? On imagine que vous êtes particulièrement satisfait de ce résultat ?
Oui. Thomas, c'était un pari. On s'est demandé : "Quel est le plus talentueux pour piloter trois heures d'antenne chaque matin ?". Je n'ai pas trouvé plus talentueux que Thomas Sotto et ça s'est vérifié toute l'année. On a un 7-9 qui marche du tonnerre ! La partie entre 6h et 7h peut encore s'améliorer et vous pouvez compter sur nous pour bosser dessus l'année prochaine. Cette matinale, avec le ton et le sérieux que nous avons retrouvés cette saison, c'est un élément déterminant dans le succès d'"Europe".
Si on rentre dans le détail des programmes de la station, quels sont vos autres motifs du satisfaction ?
Spontanément, je dirai Cyril Hanouna. Il est à la mesure du scepticisme qu'il a pu susciter quand il est arrivé chez nous il y a un an. Moi je pense que c'est l'animateur le plus talentueux de sa génération tous médias confondus. Il a su montrer qu'il était capable de s'adresser à un autre public que celui qu'il a sur D8. On a fait le pari de l'intelligence et on a gagné. Son émission le matin a ainsi été la seule à progresser même si elle n'est pas la première à cette heure-là. Cyril Hanouna fait du bien à Europe 1, à sa modernité et à son dynamisme. Maintenant, il y a un nouveau pari avec son arrivée à la place de Laurent Ruquier. Ce n'est pas gagné. Il faudra du temps pour obtenir les résultats obtenus par Laurent et on va le lui donner. On va rester serein. On ne joue pas notre vie sur les premiers sondages de rentrée. Mais je sais que c'est la bonne personne pour protéger nos après-midis et retrouver le plus rapidement possible les scores atteints avec Laurent Ruquier.
De nombreux observateurs s'attendaient à ce que RMC dépasse Europe 1. Mais l'écart s'est finalement creusé. Comment réagissez-vous ?
Je ne vais pas pleurer parce qu'on a accru l'écart avec RMC. Je ne vais pas me plaindre d'avoir augmenté de 20% l'écart qu'il y avait entre eux et nous par rapport à l'année dernière. Ça n'aurait pas de sens. D'autant plus qu'on le fait sur une saison qui a été marquée par la politique et le sport qui sont revendiqués par des stations comme RMC. Europe 1 a eu une offre qui a davantage convaincu. Tant mieux pour nous ! Sincèrement, après, je ne suis pas obsédé par les scores de RMC. Ça n'est pas mon problème. C'est une vraie concurrence avec des gens qui ont du talent. Il faut les respecter. Les chiffres sont par définition fragiles.
Frank Lanoux (le patron de RMC, ndlr) vous accuse de cacher un mauvais sondage en le noyant dans la moyenne de l'année ?
Franchement, je pense qu'il n'y a pas de réponse à apporter à ça. Chaque radio a son identité, son talent. Il se trouve que sur cette vague, ce qu'on a proposé a davantage séduit les auditeurs. C'est un fait. Mais je ne suis pas dans un débat politique. On n'a pas une élection à gagner dans laquelle on doit terrasser les adversaires par tel ou tel chiffre. On doit juste faire de la bonne radio. Je ne suis pas là pour dire du mal des autres parce que je n'en pense pas. Je ne vais pas jouer au méchant.
On a souvent reproché à Europe 1 de tout changer à chaque nouvelle saison. La grille de la station va être encore bousculée à la rentrée avec de nouveaux programmes....
Là, pour le coup, l'essentiel de nos fondamentaux restent ! Thomas Sotto, Jean-Marc Morandini, Wendy Bouchard, Franck Ferrand restent. Cyril Hanouna va à la place de Laurent Ruquier et on sait pourquoi. Le soir, Nicolas Poincaré et Frédéric Taddeï restent aussi. Les points forts et les valeurs d'Europe 1 seront là à la rentrée. C'est la première fois depuis des années qu'on reconduit la quasi-totalité de notre grille. On innove, on fait venir de nouveaux talents mais les fondamentaux et les voix d'Europe 1 restent les mêmes. Il n'y a pas de bougeotte. Les plus grands bouleversements de grille ne seront pas chez nous, tout simplement.