Il est connu pour ses tirades très théâtrales, à tel point que certains membres de l'Académie française avaient voulu en faire l'un des leurs. A l'occasion de la sortie d'"Alceste à bicyclette", film de Philippe Le Guay avec qui il avait déjà collaboré pour "Les Femmes du 6e étage", Fabrice Luchini fait le tour des plateaux de télévision, des émissions de radio et des journaux. L'occasion pour le comédien de donner son avis sur de nombreux sujets.
Rédacteur en chef exceptionnel du Figaroscope, Fabrice Luchini évoque sa carrière, les polémiques autour du cinéma français et de Gérard Depardieu mais aussi la politique. Et pour lui, il ne devrait pas y avoir de ministère de la Culture. "Mon projet culturel, c'est qu'il n'y ait pas de ministre de la Culture. C'est ce que j'ai dit à Aurélie Filippetti qui est du même village que moi, Villerupt, dans l'Est" explique-t-il.
"Pas de ministère de la Culture, non, mais dix livres. Je règle tous les problèmes de la France avec dix livres et cinq disques. Cela coûtera combien ? Cent cinquante euros ! Arrêtons tout ! Plus de subventions ! Si vous avez dix livres dans votre vie, vous êtes apte à avoir une grille d'interprétation de la réalité. Quels livres ? Les gens ont le choix. Proust, Flaubert, Dostoïevski, Balzac, Céline. Ils choisissent. C'est gratuit. Le pognon des subventions, on le met ailleurs ! Et dans la musique comme dans les livres, il y a tout" juge Fabrice Luchini, incitant François Hollande à lire Proust, Céline et Flaubert.
Celui qui confie qu'il va "moins travailler" évoque également la polémique autour des salaires du cinéma français. "Je ne comprends pas pourquoi tout le monde s'excite sur ce qui serait l'ignominie des cachets. L'ignominie, c'est que le cinéma est un monde d'une cruauté impressionnante... Or, au cinéma comme au théâtre, on te paye ce que tu vaux. Comme les footballeurs. Tout cela fonctionne comme une société d'offre et de demande. Bien évidemment que les acteurs sont trop payés par rapport aux gens qui sont au SMIC" analyse-t-il, ajoutant que le salaire des acteurs est "toujours un peu immoral".
Quant à l'exil fiscal de Gérard Depardieu, qui a obtenu un passeport russe, Fabrice Luchini prend la défense de l'acteur. "Quand je vois que certains lui font la leçon, quand j'entends ces donneurs de leçons, je suis consterné. Qu'on lui foute la paix ! Il est grand. Le prêchi-prêcha moraliste me navre" lance-t-il avant de viser, entre autres et sans le citer, Philippe Torreton et sa critique assassine : "J'aimerais que les donneurs de leçons se retrouvent dans cette situation et nous verrons, à ce moment-là, ce qu'ils feront". Enfin, Fabrice Luchini assure qu'il ne quittera jamais la France pour raisons fiscales. "J'ai mon petit métro, je ne suis pas un aventurier. Je ne peux me comparer à la puissance démente de Gérard Depardieu ! J'ai déjà du mal à aller à l'île de Ré plus d'un mois. Je suis un Parisien" affirme-t-il.