Jamel Debbouze et Michel Sardou avaient choisi de réagir avec humour sur l'exil fiscal de Gérard Depardieu. Visiblement très remonté, Philippe Torreton a choisi de répondre de façon très sèche. Dans une tribune d'une pleine page dans Libération, l'acteur de "Présumé coupable" s'agace de la victimisation dont a fait preuve son collègue ce week-end en apostrophant Jean-Marc Ayrault dans le Journal du Dimanche.
Dans sa tribune intitulée "Alors Gérard, t'as les boules ?", l'acteur membre du PS ne fait pas dans la nuance et interpelle Depardieu qui a demandé ce week-end à être "respecté". "Tous ceux qui ont quitté la France n'ont pas été injuriés comme je le suis", s'est-il plaint ce week-end. "Mais Gérard, tu pensais qu'on allait approuver ?, lui répond son confrère. Tu t'attendais à quoi ? Une médaille ? Un César d'honneur remis par Bercy ? Tu pensais que des pétitions de soutien de Français au RSA allaient fleurir un peu partout sur la Toile ? Que des associations caritatives allaient décrocher leur Abbé Pierre, leur Coluche encadrés pour mettre ta tronche sous le plexi ? Le Premier ministre juge ton comportement minable, mais toi, tu le juges comment ? Héroïque ? Civique ? Citoyen ? Altruiste ? Dis-nous, on aimerait savoir..."
Torreton concède néanmoins que l'opinion publique et les médias sont bien plus intransigeants avec Depardieu qu'avec Bernard Arnault ou les héritiers Peugeot. "Avec toi, on peut rattraper le silence gêné dont on a fait preuve pour les autres...". Mais il estime que cela n'enlève rien au fond de l'affaire. "Tu voudrais avoir l'exil fiscal peinard, qu'on te laisse avoir le beurre et l'argent du beurre et le cul de la crémière qui tient le cinéma français... (...) Et nous faire croire en tournant avec Delepine qu'un coeur social vibre encore derrière les excès et les turpitudes de l'homme... (...) Le problème, Gérard, c'est que tes sorties de route vont toujours dans le même fossé : celui du "je pense qu'à ma gueule", celui du fric, des copains dictateurs, du pet foireux et de la miction aérienne, celui des saillies ultralibérales..."
Proche du PS, qui lui avait permis d'être élu municipal à Paris, Torreton attaque plus directement sur la politique celui qui a soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy en 2012. "Tu votes pour qui tu veux, et tu fais ce que tu veux d'ailleurs, mais ferme-la, prends ton oseille et tire-toi, ne demande pas le respect, pas toi ! (...) On va se démerder sans toi pour faire de ce pays un territoire où l'on peut encore, malgré la crise, se soigner correctement, où l'on peut accéder à la culture quelle que soit sa fortune, où l'on peut faire des films et monter des spectacles grâce à des subventions obtenues en prélevant l'impôt... Un pays que tu quittes au moment où l'on a besoin de toutes les forces, en plein siège d'Arras, sous les yeux des cadets médusés... Adieu."