Interview
Final de "L'Arme fatale" : Damon Wayans et Clayne Crawford débriefent la saison 1
Publié le 27 juin 2017 à 15:40
Par Charles Decant
TF1 propose les deux derniers épisodes de la saison 1 de "L'Arme fatale", ce soir à 21h.
Damon Wayans et Clayne Crawford dans "L'Arme fatale" Damon Wayans et Clayne Crawford dans "L'Arme fatale"© Fox
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C'est la bonne surprise du printemps de TF1. Bien accueillie par le public, "L'Arme fatale" a fédéré les téléspectateurs de la Une et réussi à se maintenir au fil des semaines, pour un bilan qui s'annonce positif là où la plupart des séries américaines déçoivent. Présents il y a peu à Paris pour assurer la promotion de la série, Damon Wayans et Clayne Crawford ont évoqué ce succès pour puremedias.com, mais aussi le poids des attentes liées aux films de la saga cinéma, ce qui fait le succès de la série ainsi que le final de la saison 1, que TF1 diffuse ce soir à 21h.

Propos recueillis par Charles Decant.

On vous a évidemment interrogés à de nombreuses reprises sur les films de la saga, l'influence que l'original avait eu sur le reboot, etc. Mais pensez-vous que leur existence ait été un avantage ou un inconvénient pour la série ?
Clayne Crawford : Je ne sais pas... Mais c'est vrai qu'au début, je pensais que toutes les réactions seraient négatives. Le refaire, le faire pour la télé, le rendre plus accessible... Tous les films sont interdits aux moins de 17 ans, le personnage de Mel Gibson est très vulgaire, il a une cigarette à la main à chaque instant... En tant qu'acteur, on aime ça, on aime les aspérités. Quand on s'est lancé dans la série, c'était un peu frustrant. Damon et moi nous sommes battus pour essayer de pousser les limites.

Et le produit fini vous satisfait ?
Clayne Crawford : Maintenant qu'on a fini la saison, qu'on peut prendre du recul, j'ai un autre point de vue. On a créé un drama familial. Donc on atteint un public plus large que les films, parce que les enfants et les jeunes n'y avaient pas accès. Et ça constitue aussi une sorte d'exutoire face aux autres séries très sombres, très violentes. On permet aux gens de s'évader pendant 45 minutes, plutôt que de regarder les infos et de se désoler de leurs dirigeants politiques...

En 2017, on peut aussi aller plus loin qu'il y a trente ans tout en restant dans les clous d'un programme familial...
Clayne Crawford : Bien sûr ! "L'Arme fatale", ce n'est pas le "Cosby Show". On va plus loin, mais on est malgré tout dans le même ton que des séries comme "L'Agence tous risques" ou des séries des années 80 qu'on regardait avec nos parents.

"On propose quelque chose qui n'existe plus à la télé aujourd'hui" Damon Wayans

Vous vous attendiez évidemment à ce que la série soit observée de près à sa sortie. Avez-vous été surpris, en bien ou en mal ?
Damon Wayans : Pas vraiment. Tout le monde est curieux, c'est naturel. Les personnages sont vraiment culte, les films aussi, et il y a eu beaucoup de tentatives de rebooter des franchises populaires qui n'ont pas été satisfaisantes. Nous sommes surpris en bien de l'accueil positif réservé à la série. J'étais stressé jusqu'à ce que je voie le pilote, et à ce moment-là je me suis dit qu'on était vraiment bien parti. On propose quelque chose qui n'existe plus à la télé. Ces deux personnages n'existent pas à la télé en ce moment. Il y a des duos de flics, mais leur relation est fraîche.

Dans les séries policières actuelles portées par un duo, le duo est généralement composé d'un homme et d'une femme...
Damon Wayans : Oui, et nous, on revient à quelque chose qui peut rappeler "Deux Flics à Miami", par exemple. Mais avec des personnages très actuels. Roger est un homme d'aujourd'hui, il change les couches, il élève sa famille, et il est respecté chez lui.
Clayne Crawford : Et il y a une autre dimension. Certes, on joue les durs, on n'hésite pas à frapper les criminels, mais au fond, on est des gamins de 12 ans. Et les vrais durs, ce sont Trish et le docteur Cahill, qui les font rester dans le droit chemin. Ca ajoute un côté fun.

La série ne se prend pas trop au sérieux ?
Clayne Crawford : Non, et c'est ça qui nous différencie. Toutes les séries qui passent sur les grandes chaînes américaines sont vraiment ennuyeuses. Tout le monde se prend trop au sérieux. C'est horrible ! Et pour les acteurs, ça doit être difficile de jouer toujours quelque chose d'aussi sombre. Aujourd'hui, les gens veulent aussi s'amuser !
Damon Wayans : Certaines séries ont eu du succès et les chaînes ont proposé des copies, mais leurs personnages sont secondaires. Le plus important, c'est la réalisation, les plans cool, le gros plan sur une preuve. Oh, ça brille, génial ! Alors que nous, on n'a presque même pas besoin d'avoir un crime. On met les deux personnages dans une voiture et ça suffit !

"Les séries des grandes chaînes sont assez mécaniques, pleines d'astuces pour faire avancer l'intrigue, c'est épuisant" Clayne Crawford

Vos deux personnages sont très différents et parfois extrêmes. Comment évite-t-on de tomber dans la caricature ?
Damon Wayans : Ce sont les scripts qui le permettent, ils sont extrêmement bien écrits. Mais Clayne a aussi un "véritomètre" assez impressionnant. Si quelque chose ne sonne pas juste, il ira poser la question. Il cherche la vérité des scènes.
Clayne Crawford : Je pense que c'est pour ça que la série fonctionne. Les scénaristes ont énormément de travail, ils doivent grosso modo écrire 18 films sur une année. Parfois, on peut avoir recours à des facilités pour faire arriver le personnage d'un point A à un point B. Et c'est notre boulot parfois de dire aux scénaristes "Voilà peut-être un meilleur moyen de me faire arriver à l'extérieur" ou "Et si on essayait ça ?". C'est pour ça que je regarde peu les grandes chaînes. Les séries sont assez mécaniques, pleines d'astuces pour faire avancer l'intrigue. Et c'est épuisant ! Les auteurs ou le réalisateur ne peuvent pas avoir tout le temps toutes les réponses. C'est un travail d'équipe et il faut laisser son égo à la maison pour parvenir au meilleur résultat possible.

Les séries du câble ou de Netflix ont désormais 10 ou 13 épisodes, même les grandes chaînes s'y mettent. La série de network en 22 épisodes, c'est une espèce en voie de disparition ?
Damon Wayans : Les gens ont appris à consommer les choses différemment grâce à internet ou Netflix. Mais il faut les réhabituer à consommer de manière épisodique. Il faut recréer l'attente. Si on regarde l'intégrale des "Soprano" en binge-watching, on peut détester la série !
Clayne Crawford : Moi, je crois que c'est effectivement une espèce en voie de disparition. Les grandes chaînes vont se concentrer sur le sport, l'info, la télé-réalité... Ma fille, qui a 19 ans, ne regarde pas la télé. Si elle n'y a pas accès via son téléphone et qu'elle ne peut pas le regarder quand elle veut, ça ne l'intéresse. On est à la fin d'une ère.

Les téléspectateurs sont évidemment du côté de vos personnages, mais alors que le final de la saison 1 approche, ils sont amenés à faire des choix moralement discutables. Sachant qu'ils sont policiers avant tout, comment peuvent-ils s'en sortir ?
Damon Wayans : Les actions des personnages sont dictées par l'amour, et c'est plus fort que les mauvais choix. Au final, les téléspectateurs voient ce qu'on fait et se disent qu'ils auraient fait pareil.
Clayne Crawford : Personnellement, je suis juste heureux de ne pas être dans une situation où mes choix impacteraient la vie d'autres personnes. Dans ce cas-là, il faut écouter sa tête, écouter son instinct, et je pense que c'est ce qu'ils font. Dans ce monde, c'est tout ce qu'on a.

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