Tensions diplomatiques. Cyril Payen, le correspondant de France 24 à Bangkok, a réalisé dernièrement un reportage au Tibet. Le reporter s'est rendu dans la région avec un visa de tourisme et a tourné ses images de manière clandestine.
Son reportage, intitulé "Sept jours au Tibet", a été diffusé le 30 mai dernier sur France 24. Une initiative qui n'a pas plu au gouvernement chinois, qui a ordonné à la chaîne de le déprogrammer, ce qu'elle a refusé. Dans son reportage, Cyril Payen montre notamment la répression dont est victime la population tibétaine sous la domination chinoise. Les relations entre la Chine et Tibet sont en effet extrêmement sensibles, la région réclamant son indépendance, ce que la Chine refuse.
Depuis la diffusion du sujet, les autorités chinoises recherchent activement le reporter, rentré depuis à Bankok. "Je suis rentré à Bangkok le 4 juin. (...) Une diplomate chinoise m'a laissé un message sur mon téléphone et a clairement joué la carte de l'intimidation. (...) Elle m'a demandé de me rendre à l'ambassade pour m'expliquer sur les raisons des 'mensonges' que j'ai colporté dans mon reportage", explique Cyril Payen. "Si vous ne vous rendez pas à l'ambassade avant le 11 juin, il faudra que vous en tiriez toutes les conséquences", a affirmé la diplomate dans son message.
Cyril Payen n'a plus de nouvelles des autorités chinoises depuis hier mais craint des représailles. Le Quai d'Orsay et France 24 suivent de très près cette affaire, et le reporter souhaite qu'elle soit rendue publique car il estime que "c'est une sorte de garantie" pour lui.
Dans un communiqué publié le 11 juin, l'association Reporters Sans Frontières affirme que "ces procédés inacceptables s'apparentent aux méthodes de la pègre plus qu'à celles de fonctionnaires de haut rang. (...) Que des diplomates tentent par l'intimidation de modifier un contenu éditorial, fustigent un journaliste et le convoquent avec l'intention affichée de l'interroger, dépasse largement les limites tolérables".