L'affaire "du mur des cons" n'en finit pas de rebondir. Hier, après un conseil de discipline de plus de quatre heures, les représentants du personnel de France 3 ont demandé "la mise à pied disciplinaire avec privation de salaire" de Clément Weill-Raynal, le journaliste qui avait filmé le "Mur des cons" du Syndicat de la magistrature (SM).
Tout a commencé en avril dernier lorsque le site d'information Atlantico a publié sur son site des images tournées au téléphone portable dans les locaux du SM. On y voyait un mur "participatif" intitulé "Mur des cons", où étaient épinglées les photos de plusieurs personnalités publiques avec pour seule consigne: "Avant d'ajouter un con, verifiez qu'il n'y est pas déjà". Parmi les personnalités présentes sur le mur, de nombreux politiques, pour la plupart de droite, mais aussi des parents de victimes ayant par le passé critiqué le fonctionnement de la justice. La polémique a vite pris une très grande ampleur.
Après plusieurs jours de forte suspicion, un journaliste en charge des affaires judiciaires chez France 3, Clément Weill-Raynal, a fini par avouer être à l'origine des images. Dans une interview accordée au Figaro.fr, il a précisé s'être rendu dans les locaux du SM le 5 avril pour une banale interview et avoir découvert à cette occasion l'existence du "Mur des cons". Malgré la demande expresse de la représentante syndicale présente à ce moment là de ne pas filmer le mur, le journaliste a décidé de le filmer quand même car, selon lui, "ce mur posait un problème" et révélait "un grave problème au sein du deuxième syndicat de magistrats de France". Il a cependant précisé que ces images lui ont par la suite échappé après qu'il les a confiées à un magistrat qu'il croyait de confiance. Leur publication sur le site Atlantico n'aurait donc pas été sa décision.
Son employeur, France 3, ne semble pas convaincu par ses explications. La chaîne a ainsi accusé Clément Weill-Raynal d'avoir menti sur l'origine de la séquence. Après sa diffusion sur internet, le journaliste aurait ainsi convaincu la chaîne de l'utiliser et de la commenter lui-même dans le journal télévisé, dissimulant, avant d'avouer, que c'était bien lui qui l'avait captée.
France 3 a donc décidé fin avril d'ouvrir une procédure disciplinaire à son encontre. Après une première audition le 14 mai, la direction a décidé de le traduire devant un conseil de discipline composé de représentants du personnel. A l'issue de son audition, ces derniers se sont prononcés à la majorité pour une suspension sans solde du journaliste pendant une semaine. C'est maintenant à la direction de l'entreprise "de décider de la mesure disciplinaire qui sera en définitive retenue. Cette décision devrait intervenir dans le courant de la semaine", précise un communiqué de la France 3.
De son côté, Clément Weill-Raynal a tenu à préciser dans un communiqué qu'il refusait "par avance tout principe de sanction, n'ayant dans cette affaire ni commis de faute professionnelle, ni jamais manqué ni de loyauté et d'honnêteté vis-à-vis de la hiérarchie de France 3". "En révélant l'existence du 'Mur des Cons'", il estime "n'avoir fait que (s)on travail de journaliste et de citoyen".