Grand reporter sur BFMTV, François-Xavier Ménage, 34 ans, a pris les commandes de "Capital" sur M6 depuis cet été. Désormais présentateur et rédacteur en chef adjoint de l'émission phare de la chaîne, il promet d'aller sur le terrain pour réaliser ses propres enquêtes. Entretien.
Propos recueillis par Julien Bellver.
puremedias.com : Vous passez du hard news de BFMTV au magazine sur M6, la transition n'a pas été trop difficile ?
François-Xavier Ménage : Bizarrement non, je pensais que ça allait être dur, compte tenu de l'actualité internationale cet été avec l'Ukraine, Gaza et l'Irak. Mais en réalité, je n'ai pas brûlé en me disant que je n'y étais pas. Je travaille déjà à fond sur "Capital", c'est le meilleur antidote. Je continue à regarder bien sûr, le hard news est une drogue dure. Mais j'ai la chance d'avoir une deuxième drogue qui va couler dans mes veines maintenant, le magazine.
Vous restez branché sur les chaînes infos ?
J'écoute beaucoup la radio. J'ai toujours des nouvelles de mes petits collègues de BFMTV bien sûr. J'ai toujours énormément écouté la radio et assez peu regardé la télé.
Comment s'est passée votre arrivée à M6, avant que puremedias.com ne l'annonce ?
De manière très transparente, j'étais au cinéma, j'ai un message sur mon répondeur de Bibiane Godfroid qui me demande de la rappeler. Je le fais et le soir-même, j'étais dans son bureau. Je l'ai rencontrée avec Thomas Valentin et on a fait connaissance, sans savoir ce qu'on allait me proposer. Dans un deuxième temps, on m'a proposé "Capital", la discussion est allée jusqu'aux essais et cela a fonctionné. Je ne me suis pas posé de question, j'aurais pu continuer à faire du terrain pendant dix ans mais je me suis dit que le train s'arrêtait maintenant et je n'étais pas sûr qu'il s'arrête une nouvelle fois pour une telle émission.
L'économie, c'est une matière que vous maîtrisez ?
J'ai fait une fac d'éco, j'adore l'économie ! Quand j'étais place Tahrir ou à Fukushima, je traitais d'économie. C'est une matière que j'adore, ça m'a conforté dans mon choix.
Remplacer Thomas Sotto, lui aussi transfuge de BFMTV, cela vous a encouragé ?
Thomas est un copain mais nous n'avons pas le même parcours et le même profil. Lui était un brillant présentateur, M6 m'a appelé en sachant que j'étais reporter. J'étais très fier de succéder à Thomas, mais je n'ai pas cherché de comparaison.
Quel va être votre rôle précis sur "Capital" ? La présentation cet été mais ça va évoluer...
D'abord la présentation, je suis en phase d'apprentissage. Je deviens rédacteur en chef adjoint, c'est nouveau pour moi car sur le terrain on est son propre patron, avec une toute petite équipe à gérer. Je dis bravo à M6 d'être allée chercher un reporter, il n'y a pas grand monde qui fait ça dans les rédacs aujourd'hui. Je pense à Gilles Bouleau toutes proportions gardées, c'était un super signal qu'il arrive au JT de TF1. Je ne vais pas m'arrêter d'être reporter pour autant. Le premier cas de figure, ce sera quand l'émission sera délocalisée à l'extérieur du plateau, on le fera que quand cela ne sera pas cosmétique ! Par aileurs, je ne m'interdis absolument pas, et on en discute avec M6, de signer des sujets moi-même. D'ici à la fin de l'année je vais mettre les mains dans le cambouis. C'est mon ADN, il n'y a pas raison que cela s'arrête et c'est une manière aussi de rappeler que le présentateur n'est pas seulement assis sur une chaise.
Vous savez que l'écriture M6 est très particulière...
L'écriture M6 a été tellement copiée qu'elle doit avoir du bon ! Et les reporters de "Capital", depuis plusieurs années, ont déjà réussi à se renouveler, à ne pas se répéter, à faire différemment. J'ai plongé dans l'armoire à archives, je l'atteste ! On va tous continuer collégialement dans ce sens là.
"Capital" existe depuis 1988, avec ses codes, comment imprimer sa marque et imposer son ton ?
Je pense en réfléchissant à pourquoi on m'a appelé. Il faudra un ton de reporter. Je ne réfléchis pas à mon rôle de présentateur car dès l'instant où je commence à le fantasmer, dès l'instant où je réfléchis trop, cela ne me ressemblera plus. Dimanche, on a une thématique coup de poing sur les classes moyennes. On en parle beaucoup mais on ne sait pas ce que ça veut dire vraiment. Nos chiffres et nos démonstrations vont surprendre beaucoup de téléspectateurs.
La direction de M6 vous a-t-elle garanti une liberté une éditoriale totale ? Il y a eu plusieurs polémiques autour des sujets diffusés dans Capital, récemment avec un sujet sur le Qatar.
J'ai eu cette garantie par plusieurs personnes chez M6 qui toutes m'ont dit : dès l'instant où on apprend des choses dans une enquête en béton armée, ça veut dire qu'il faut y aller. Je ne peux pas parler pour mes collègues qui ont traité les sujets dont vous parlez.