Le coup de rabot annoncé aura bien lieu. En marge d'une interview accordée aux "Echos" aujourd'hui, Françoise Nyssen a confirmé que l'audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, Arte, France Médias Monde) devra bel et bien faire 80 millions d'euros d'économies l'année prochaine. Ces coupes budgétaires comprennent une baisse du budget de 36 millions d'euros en 2018 par rapport à 2017 mais aussi une annulation d'une quarantaine de millions d'euros de crédits supplémentaires qui avaient été promis à l'audiovisuel public.
"Le gouvernement n'entend pas revenir sur ce montant", a tranché sans ambages ce matin la ministre de la Culture. "Les contrats d'objectifs et de moyens (COM) des groupes audiovisuels publics prévoyaient des augmentations de budget qui n'étaient pas réalistes, compte tenu de la situation budgétaire dégradée que ce gouvernement a trouvée en arrivant", a justifié Françoise Nyssen, avant de minimiser les 36 millions d'euros supplémentaires de coupes sèches décidées par l'Etat. "L'économie décidée pour 2018 représente une baisse de 36 millions d'euros par rapport à 2017, pour un budget de 4,5 milliards d'euros pour l'ensemble des groupes audiovisuels publics. C'est moins de 1% d'effort", a-t-elle fait valoir.
C'est peu dire que les économies annoncées par le gouvernement inquiètent les états-majors des groupes de l'audiovisuel public. Déjà engagés depuis plusieurs années dans des mesures d'économies, via notamment des réductions d'effectifs, ils craignent que cette nouvelle baisse de crédits ne soit difficile à faire avaler à leurs troupes. En première ligne, France Télévisions, plus gros budget de l'audiovisuel public, qui devrait assumer la majeure partie des économies prévues par le gouvernement. Selon Le Monde, France Télé devrait à lui seul trouver près de 50 millions d'euros, contre 20 millions environ pour Radio France, 5 millions pour Arte et quelques millions d'euros pour France Médias Monde.
Lundi, les patrons de l'audiovisuel public Delphine Ernotte (France Télévisions), Mathieu Gallet (Radio France) et Marie-Christine Saragosse (France Medias Monde) ont bien tenté de plaider leur cause auprès d'Edouard Philippe à Matignon. Ils ont notamment argué que l'Etat ne pouvait pas revenir ainsi sur des contrats d'objectifs et de moyens qui leur garantissaient une trajectoire financière pour les années à venir. En vain pour l'instant.