Toutes les choses ont une fin. Après 10 ans en tant que PDG du Point, Franz-Olivier Giesbert a annoncé aujourd'hui dans une longue interview testament à Télérama sa mise en retrait de l'hebdomadaire. FOG s'apprête ainsi à devenir officiellement "conseiller du journal" à partir du 18 janvier 2014, date de ses 65 ans. "Je continuerai d'écrire des éditos et des articles, je donnerai un coup de main sur la Une. Mais je n'irai plus systématiquement aux réunions. Je ne ferai pas le vieux papy qui emmerde tout le monde en disant 'de mon temps...'" a-t-il expliqué avec humour.
Pour justifier son choix, le patron du Point a simplement expliqué ne plus se sentir en phase avec les bouleversements actuels de la presse. "Je suis vraiment un type de l'écrit, j'adore le papier. Je ne comprends plus rien aux réunions sur le numérique. Je ne suis plus l'homme de la situation" a-t-il ainsi avoué. "C'est dur, il faut prendre sur soi, mais je n'ai plus l'âge d'avoir des fonctions exécutives. J'ai vu couler des entreprises parce que le vieux patron, se croyant indispensable, n'arrivait pas à partir, de Jean Prouvost (Le Figaro, Paris Match, Télé 7 jours...) à Louis Pauwels (Le Figaro Magazine)... Il faut savoir passer la main" a tranché FOG.
Figure du journalisme politique passé notamment par Le Nouvel Observateur et Le Figaro, Franz-Olivier Giesbert a aussi profité de cet entretien pour faire le bilan de sa longue carrière. Assumant le recours fréquent aux marronniers comme les Francs-maçons par exemple, FOG a aussi assumé celles, plus polémiques, sur l'Islam. "On est là pour gratter là où ça fait mal" a-t-il justifié, revendiquant de la même manière le "Hollande Bashing" fait, selon lui, "avec le sourire" par Le Point. Quant à la connivence avec les hommes politiques qu'on lui a souvent reprochée, il l'a principalement réfutée. "Avec François Mitterrand, j'ai dépassé les limites" a-t-il tout de même admis. "Mais c'est l'exception qui confirme la règle, ça ne m'est arrivé avec aucun autre".
Avant de partir, Franz-Olivier Giesbert a également livré son regard sur l'état actuel de de la presse. "Je reste optimiste, les gens auront toujours besoin de s'informer. Il y aura toujours des journaux, papiers et numériques... mais, à l'évidence, tout est train de se transformer" a-t-il expliqué. Avant de prédire : "d'ici quelques années, de nouveaux médias, avec des jeunes patrons à leur tête, vont arriver. Ces périodes sont très propices aux créations de titres. Une nouvelle presse émerge" a-t-il commenté.
Au cours de cette interview, le patron du Point n'a enfin pas été très tendre avec la mentalité de la presse française. "En France, mère patrie du pessimisme, on pleurniche, on refuse de voir que dans certains pays, des journaux comme le New York Times ou The Economist, s'en sortent bien" a-t-il ainsi taclé. Avant d'égratigner une partie des journalistes jugé trop révérencieux : "J'ai souvent honte de mes confrères journalistes, de leur côté compassé, extasié, respectueux. Ce bestiaire ! Ce poulailler avec ses dindons, ses oies ! C'est pathétique !" a-t-il lâché.