Geoffroy Lejeune est-il vraiment sur le point d'être évincé de la direction de la rédaction de "Valeurs actuelles" ? "La lettre A" annonçait, le 20 octobre, son remplacement par Jean-Michel Salvator, écarté de la direction des rédactions du "Parisien" début septembre, afin d'en finir avec "le positionnement militant" qu'il a conféré à l'hebdomadaire, dixit son propriétaire, Iskandar Safa.
Mais le ton d'une lettre aux lecteurs, rédigée par Geoffroy Lejeune et publiée ce mardi sur le site de l'hebdomadaire, entretient le doute. Dans cette missive - lue par la rédaction dans une vidéo - le directeur de la rédaction énumère la longue liste des détracteurs de la ligne éditoriale du journal - parmi lesquels "la presse, la gauche, certains politiques" - à qui il reproche de souhaiter sa "mort". "Ce qu'ils détestent, c'est notre liberté, notre indépendance, nos convictions, notre passion pour la France, notre combat pour sa survie. Ce qu'ils veulent, c'est notre affaiblissement, notre renoncement, notre extinction. Notre mort."
"Ils ont cru l'obtenir maintes fois", enchaîne le directeur de la rédaction de "VA". "Aujourd'hui encore, ils pensent toucher au but. Ils annoncent des changements de direction, des changements de ligne, des recentrages : autant de manières de nommer la fin d'un journal qui décidément les obsède", analyse-t-il.
Avant de faire cas, semble-t-il, de son destin personnel au sein du journal : "Cette énième tentative de déstabilisation a conduit un grand nombre d'entre vous à nous écrire pour manifester votre inquiétude, votre écoeurement ou votre incompréhension. Rassurez-vous ! Une fois encore, ils ont perdu. À 'Valeurs actuelles', nous n'avons pas l'esprit démissionnaire et nous ne céderons jamais à leurs injonctions. La solidarité de toute l'équipe est admirable, exemplaire, déterminante", assure-t-il. Contacté par puremedias.com afin qu'il explique qui il visait concrètement derrière l'utilisation du terme "Ils", répété à huit reprises, Geoffroy Lejeune n'a, pour l'heure, pas donné suite à nos sollicitations.
Dans sa lettre, Geoffroy Lejeune a préféré insisté, en conclusion, sur les difficultés financières de l'hebdomadaire, privé d'aides à la presse depuis 2015, quand le gouvernement de l'époque, dirigé alors par Manuel Valls, a décidé d'exclure des bénéficiaires de ces aides les titres condamnés pour incitation à la haine ou à la violence.
"Subventions à la presse, aides de l'État ? Ce champ sémantique relève pour nous de la science-fiction : nous avons appris à nous en passer. C'est aussi notre force, car nous devons notre existence au soutien de nos lecteurs, et à eux seuls", écrit Geoffroy Lejeune, avant de s'adresser "solennellement" aux abonnés du journal.
"Nous vous demandons de renforcer ce soutien. Vous êtes nombreux à nous soutenir, à nous remercier parfois, et à nous avouer pourtant que vous n'avez pas franchi le pas de l'abonnement. Faites-le aujourd'hui, comme un cri du coeur, parce que l'enjeu est trop important. Vous nous connaissez grâce à la télévision, à notre chaîne VA+ ou grâce à ces contenus gratuits qui fleurissent sur Internet : ces formats n'existent que parce que d'autres s'abonnent", explique Geoffroy Lejeune, dont l'ambition est de "recruter 15.000 soutiens supplémentaires avant la fin de l'année ; 15 000 abonnés qui nous permettront de survivre".