Mercato interne de dernière minute au "Parisien". Le groupe Les Échos-Le Parisien a annoncé, dans un communiqué publié tard dans la soirée ce 31 août, que Jean-Michel Salvator est écarté de ses fonctions de directeur des rédactions du journal dès ce jeudi 1er septembre.
En poste depuis 2020, le journaliste est officiellement remplacé par Nicolas Charbonneau. Jean-Michel Salvator ne quitte pas pour autant le journal implanté dans le XVe arrondissement de Paris. Il a été nommé conseiller éditorial auprès de la direction du quotidien. Un désaveu ? Le principal intéressé préfère parler, dans "Le Monde", d'une décision prise "d'un commun accord".
Dans ce communiqué, Pierre Louette, président-directeur général du groupe Les Échos-Le Parisien, a salué le travail accompli par le cadre. Sous la direction du journaliste, "le quotidien a mis en oeuvre une ambitieuse évolution éditoriale qui porte aujourd'hui ses fruits avec une croissance significative des abonnements numériques et une évolution positive de sa diffusion", a-t-il écrit.
Pierre Louette s'abstient de préciser, en revanche, que les relations de Jean-Michel Salvator avec sa direction - à commencer par la directrice générale, Sophie Gourmelen - ne sont pas au beau fixe, selon les éléments de contexte recueillis par puremedias.com. "Jean-Michel Salvator était assez déconnecté de la rédaction", glisse une autre source.
La faute, peut-être, à certaines prises de position du directeur des rédactions, jugées polémiques par la Société des journalistes (SDJ) du quotidien. C'est ainsi qu'au début du mois de mars 2021, celle-ci a pris la plume pour s'étonner d'un édito de Jean-Michel Salvator.
"Depuis plusieurs années, les décisions de justice qui concernent les politiques deviennent d'une sévérité accrue ou d'une intransigeance implacable", avait écrit Jean-Michel Salvator avant de douter de la sincérité des juges plaidant la séparation des pouvoirs. Intitulé "Dégagisme judiciaire", cet édito, lui reprochait la SDJ, revenait à défendre Nicolas Sarkozy, condamné la veille à trois ans de prison, dont un an ferme, pour corruption, dans le procès dit des écoutes. Dans la rédaction, il était par ailleurs "surtout soupçonné par certains d'essayer de favoriser Emmanuel Macron, qui entretient les meilleurs rapports avec le propriétaire du titre, Bernard Arnault", selon des informations recueillies par "Le Monde".
Autre sujet, l'année précédente, la publication dans le quotidien d'un édito "aux relents sinophobes" avait provoqué un malaise au sein de la rédaction à tel point que la SDJ et les organisations syndicales s'étaient désolidarisées publiquement de ces propos. L'auteur de cet édito, Rémy Dessarts, dont Jean-Michel Salvator est un proche, avait reçu le soutien du directeur des rédactions. Celui-ci avait en effet plaidé "le malentendu".
Le nom du successeur de Jean-Michel Salvator s'appelle donc Nicolas Charbonneau. Cet ancien directeur adjoint de l'information du groupe TF1 et directeur général de LCI occupait ces deux dernières années le poste de directeur du "Parisien week-end". "Fort de son expérience, il a pour mission de poursuivre le développement du 'Parisien' et de le positionner au rang des grands médias digitaux", indique sa direction dans le communiqué.
Ce changement majeur dans l'organigramme du "Parisien" coïncide avec la réinjection par LVMH, son actionnaire majoritaire, de 65 millions d'euros dans "Le Parisien" afin d'éponger ses dettes. Le géant du luxe avait déjà renfloué fin 2018 son groupe de médias Les Echos-Le Parisien à hauteur de 83 millions d'euros.