Mardi, Gérard Holtz s'est envolé pour Sotchi. Le journaliste participera à ses neuvièmes Jeux olympiques pour France Télévisions. Une longévité qui donne à l'ancien présentateur du journal de 13 Heures de France 2 une certaine légitimité pour juger la spécificité de ces Jeux russes. Rencontré avant son départ pour Sotchi, celui qui co-présentera ces Jeux, tous les jours de 12h30 à 17h, n'a pas hésité à faire part à puremedias.com de ses sérieuses réserves.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
Vous avez couvert vos premiers Jeux en 1984 à Los Angeles. 30 ans après, vous n'êtes pas blasé ?
Gérard Holtz : J'ai deux passions dans la vie : le sport et le théâtre. Quand on aime le sport, on ne peut pas être blasé par les Jeux olympiques ! Je ne m'y habituerai jamais. Surtout que ces Jeux-là sont très particuliers.
En raison des polémiques sur les droits de l'homme et sur la loi anti-propagande homosexuelle ?
Par l'aspect politique, oui. Et plus largement sur le choix de ce petit village. En sept ans, cette station balnéaire au bord de la mer Noire, comparable à la ville de Cassis ou d'Antibes, a été transformée en grosse métropole capable d'accueillir cette manifestation selon la volonté de Vladimir Poutine.
Ca gâche votre plaisir ?
Forcément, ces Jeux me posent des questions... En France, on a les plus belles stations de ski du monde alors on ne comprend pas bien pourquoi le CIO a choisi d'en créer de toutes pièces. Je me souviens des Jeux d'Albertville en 1992 où on avait seulement eu à moderniser des infrastructures existantes dans un magnifique domaine skiable. Ou ceux de Lillehammer, en Norvège, en 1994, qui avaient une forte dimension écologique en pleine nature, avec une énorme ferveur populaire et un respect des athlètes quelque soit leur nationalité... A Sotchi, tout semble très artificiel. On a basculé dans l'ère du gigantisme.
On le sait depuis Pékin, non ?
Oui, mais on a l'impression qu'on est définitivement entré au royaume du fric... En plus, la sécurité va être au coeur de ces Jeux, avec des contrôles drastiques. On prévoit entre 37.000 et 100.000 militaires et policiers déployés ! On verra quelles leçons le CIO va tirer des Jeux de Sotchi.
On reproche souvent à France Télévisions de couvrir les Jeux de façon chauvine en accordant une place excessive aux performances des Français.
Ceux qui disent ça n'ont jamais regardé la télévision étrangère. Aux Etats-Unis, 90% de l'antenne est consacrée aux champions nationaux. Et quand ils ont une médaille de bronze dans une discipline, ils ne donnent même pas le nom du vainqueur ! Nous, on consacre 50% du temps d'antenne aux Français mais on donne aussi la place aux autres pays et aux grands champions de tous les pays. On assume ce positionnement à 100%.
On voit avec notamment l'arrivée de Céline Géraud une volonté du groupe de rajeunir son équipe. Ca vous inquiète ?
Non ! Cette volonté de renouvellement est très naturelle. Il est même indispensable que France Télévisions mette en avant une nouvelle génération.
Vous avez fait une préparation spéciale pour ces Jeux ?
Comme d'habitude, j'ai fait des cahiers d'écolier, avec des spirales, avec plein de chiffres, des portraits de sportifs et des données. J'ai aussi lu beaucoup d'articles sur les enjeux politiques car, à tout moment, on peut être amenés à quitter les terrains de sport. A Pékin, j'ai dû interroger Nicolas Sarkozy. Il faut se préparer au cas où... Dans ces moments-là, on ne peut pas improviser. Et j'ai collecté des citations. Cette année, il y aura beaucoup de Victor Hugo car j'ai relu "La Légende des siècles" récemment.
Ca va plaire à Laurent Gerra et Nicolas Canteloup ça !
(rires) Oui ! Je sens que je ne vais pas échapper à leur fameux "mo-bi-li-sez-vous" ! Ils m'amusent beaucoup. J'aime beaucoup leur esprit chansonnier.
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