L'expression d'un ras-le-bol. Dans un communiqué interne, la rédaction de BFMTV annonce que les déplacements sur le terrain pour couvrir la mobilisation des Gilets jaunes sont suspendus ce lundi "en signe de protestation". "L'ensemble du service reportage, appuyé par la rédaction, a décidé d'un commun accord de ne pas se rendre sur un rond-point ou une quelconque mobilisation du mouvement des Gilets jaunes", est-il ainsi écrit dans un message transmis à l'ensemble des journalistes de la rédaction, dont puremedias.com a eu copie. "Une discussion plus approfondie sur le sujet, à l'initiative de la SDJ, se tiendra dans la semaine pour que chacun puisse s'exprimer", est-il par ailleurs précisé.
Ce boycott, plus symbolique qu'autre chose - des tournages sur le terrain sont toujours prévus -, intervient alors que des journalistes de BFMTV ont à nouveau été pris pour cibles ce week-end en marge des manifestations de "l'acte VIII" des Gilets jaunes. Selon la SDJ de la chaîne, une équipe de journalistes et leurs agents de sécurité ont "essuyé des coups" à Rouen, tandis qu'une journaliste a été "légèrement blessée" par un tir de pétard à Paris. Plus globalement, depuis le 17 novembre dernier, date de début du mouvement des Gilets jaunes, BFMTV apparaît comme une cible privilégiée des manifestants. En novembre dernier, Céline Pigalle, patronne de la rédaction de BFMTV, avait expliqué à puremedias.com que, pour protéger les journalistes sur le terrain, ceux-ci sont systématiquement entourés désormais d'un agent de sécurité et peuvent remplacer la bonnette "BFMTV" par une bonnette neutre afin d'être moins facilement identifiés.
Fin décembre, à l'occasion d'un tour des médias lancé à l'initiative d'Eric Drouet, une petite poignée de Gilets jaunes s'était d'ailleurs retrouvée devant BFMTV. Excédée, la SDJ de la chaîne s'est fendue d'un communiqué ce week-end, jugeant qu'il est "lâche et inadmissible dans une démocratie de s'en prendre à des journalistes dans l'exercice de leur travail". "Quand bien même il y aurait des désaccords sur le traitement de l'information, rien ne justifie de tels actes", s'émeut la SDJ, qui demande aux manifestants de se dissocier des "brutes pour qui la liberté de la presse ne veut pas dire grand chose". Dans un autre registre, ce week-end, la SDJ de BFMTV s'est aussi émue de l'annonce de l'arrivée d'Ingrid Levavasseur, qui y a finalement renoncé sous pression d'autres Gilets jaunes, en tant que chroniqueuse dans l'émission "Et en même temps".
Joint par puremedias.com, Hervé Beroud, patron de BFMTV tient à condamner les violences de ce week-end contre ses journalistes. "Nos condamnons, une fois encore, les violences inacceptables dont nos journalistes ont fait l'objet ce week-end. Nous comprenons le besoin exprimé par la rédaction de se mobiliser en signe de protestation", ajoute-t-il. Et de conclure : "Nous allons continuer à mettre tous les moyens à la disposition de nos journalistes pour qu'ils puissent continuer de travailler dans de bonnes conditions".