Dans un contexte marqué par une baisse généralisée du nombre d'auditeurs, RMC ne fait pas exception en enregistrant une moins bonne rentrée qu'en 2017 avec 241.000 auditeurs en moins sur un an, mais toujours 3,95 millions de Français au rendez-vous, la classant 5e radio nationale. puremedias.com a interrogé Guénaëlle Troly, directrice générale de la radio, qui a pris la suite de Cécilia Ragueneau au mois de septembre, tout en conservant la responsabilité du pôle TV (RMC Découverte et RMC Story) de RMC.
Propos recueillis par Christophe GazzanoQuel bilan tirez-vous de cette vague de rentrée ?
Nous voyons que le média radio est en baisse de manière générale : les chiffres sont là et sont parlants. Chez RMC, nous trouvons qu'on s'en tire très bien et c'est vrai que la stratégie que nous avons mise en place depuis plusieurs années de radio, tv et digital, paie aujourd'hui. La semaine dernière, nous avons été élus meilleure radio digitale de l'année*. Nous sommes la radio digitale qui a connu la plus forte progression cette année et nous enregistrons de nombreux records sur les programmes partagés entre la radio et la télévision. C'est le cas de la matinale "Bourdin Direct" sur RMC Découverte, qui nous permet d'être la 4e chaîne de France de 6h à 8h30 et progresse toutes les semaines. Sur RMC Story, avec "Les Grandes Gueules" diffusée en simultané, nous sommes là-aussi 4e chaîne de France de 9h à 12h. Nous n'avons aucun doute sur la qualité des émissions. Donc même si le média radio baisse, nous sommes encore sur cette vague la première radio généraliste privée sur les moins de 50 ans et nous sommes toujours la deuxième radio généraliste privée de France. C'est très important pour nous.
Plusieurs de vos émissions accusent tout de même une baisse sur un an, comme "Bourdin Direct" ou le "Super Moscato Show"... Cette baisse s'explique-t-elle selon vous par un transfert des auditeurs vers la télévision ?
Ce serait le cas si RMC était la seule radio à baisser, mais c'est loin d'être le cas. Nous ne pensons pas qu'il s'agit d'un transfert. C'est vraiment le média radio qui est moins utilisé aujourd'hui tout simplement. C'est donc plutôt une complémentarité qui se joue vraiment à 200%. Nous observons par ailleurs de fortes hausses d'audience concernant le sport, notamment avec "Team Duga".
Quelle feuille de route vous êtes-vous fixée au moment de prendre vos fonctions ?
Nous avons déjà procédé à quelques ajustements à la rentrée notamment en avançant "Les Grandes Gueules" à 9h. Nous n'allons donc rien bouger pour l'instant. C'est vraiment cette baisse généralisée de la radio qui est à observer, sur toute les radios, sauf France Inter, mais c'est parce qu'elle bénéficie de son avantage de ne pas avoir de publicité.
Comment redonner aux auditeurs le goût d'écouter la radio ? Est-ce un combat perdu d'avance ?
C'est aussi la conséquence de nouveaux usages : la radio digitale a un énorme avenir aujourd'hui. Tout le monde utilise son smartphone, sa tablette, etc et c'est certainement là-dessus qu'il faut travailler. Nous sommes la 2e radio digitale de France derrière France Inter.
"Cette mesure d'audience est une façon de faire qui arrive un peu au bout"
Dans votre communiqué, vous critiquez le système de mesure d'audience en estimant que "les résultats ne reflètent pas totalement la réalité de (vos) performances". Vous souhaitez également que "la future mesure d'audience, dont la mise en oeuvre est annoncée pour 2019, permette de mieux appréhender l'ensemble des enjeux du média".
Nous ne la critiquons pas mais on dit que cette mesure d'audience est une façon de faire qui arrive un peu au bout. La nouvelle mesure d'audience, l'audimétrie portée, qui va arriver en 2019, va être quelque chose de beaucoup plus précis et plus pointu. Je pense que le média radio en a vraiment besoin.
Le groupe Altice, auquel appartient RMC, a intégré de nouveaux locaux et donc de nouveaux studios il y a quelques semaines avec plusieurs soucis techniques à la clé, notamment lors de la matinale de Jean-Jacques Bourdin le mois dernier, interrompue pendant plus d'une heure. Le journaliste a fait part de son exaspération en menaçant en direct de rendre l'antenne.
C'est un immeuble neuf, avec des changements techniques importants. Il y a donc eu un petit temps d'installation la première semaine, c'est normal. Tous les studios sont neufs, toutes les équipes travaillent dans un nouvel environnement et parfois sur de nouveaux outils. Mais passée cette première semaine, ça va plutôt bien.
Jean-Jacques Bourdin avait menacé d'arrêter la diffusion en simultané à la télévision pour se consacrer uniquement à la radio si les problèmes persistaient.
Je ne suis pas sûre que les auditeurs, peut-être vous compris, y ont vraiment cru (sourire).
"Jean-Jacques est soupe au lait"
Il avait l'air vraiment sincère !
Oui, mais Jean-Jacques est soupe au lait, c'est une de ses caractéristiques. Il avait raison de râler parce qu'il y avait des problèmes, maintenant, il s'est aussi excusé en direct à l'antenne de s'être emporté et d'avoir râlé et pour les problèmes techniques. Franchement, c'est un épiphénomène.
Pensez-vous que les problèmes techniques sont derrière vous ?
Oui, c'est derrière nous. Des pannes surviennent sur des chaînes bien plus anciennes qui ne changent pas d'environnement...
Peut-on imaginer que d'ici cinq à dix ans, RMC devienne une radio entièrement filmée ?
Tout est envisageable.
En tant que patronne également des chaînes RMC Découverte et RMC Story, comment accueillez-vous les audiences préoccupantes réalisées par Jean-Baptiste Boursier avec "Talk-Show" diffusé chaque semaine sur RMC Story ? Le journaliste est-il assuré de rester à l'antenne toute la saison ?
Nous travaillons à ce que cette émission soit de mieux en mieux et progresse. Là-aussi en télé, nous savons qu'il y a un délai d'installation et qu'il faut donner du temps. Oui, "Talk-Show" continue.
* distinction décernée par l'ACPM (Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias)