Instaurée par la loi du 12 juin 2009 ou loi Création et Internet, la Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des Droits sur Internet (Hadopi) peine encore à convaincre. Parallèlement à la lutte contre le téléchargement illégal par le biais de la riposte graduée, une mesure censurée par le Conseil Constitutionnel, cet organisme indépendant s'était également donné pour objectif d'améliorer l'offre légale. Mais trois ans après sa création, les résultats ne sont pas vraiment à la hauteur, conduisant le nouveau gouvernement à réfléchir à un nouveau modèle pour valoriser la création sur le web.
Après avoir lancé une mission de consultation sur l'avenir de l'Hadopi, présidée par l'ancien PDG de Canal+, Pierre Lescure, Aurélie Filipetti vient d'annoncer que les crédits alloués à la haute autorité seront revus à la baisse dès le mois de septembre. Dans une interview accordée au Nouvel Obs, la ministre de la Culture a souligné que l'Hadopi n'avait pas "rempli sa mission de développement de l'offre légale". "12 millions d'euros annuels et 60 agents, c'est cher pour envoyer un million d'e-mails", a-t-elle constaté. "Dans le cadre d'efforts budgétaires, je vais demander que les crédits de fonctionnement de l'Hadopi soient largement réduits pour l'année 2012. Je préfère réduire le financement de choses dont l'utilité n'est pas avérée", a indiqué la ministre qui annoncera à la rentrée "le détail de ces décisions budgétaires".
Si Aurélie Filippetti ne s'est pas exprimée sur la suppression éventuelle de la haute autorité, elle a toutefois remis en cause le système de sanctions mis en place en 2009. "La suspension de l'accès à internet me semble une sanction disproportionnée face au but recherché", a-t-elle déclaré. En mai dernier, la ministre avait déjà souligné que la logique du gouvernement en matière culturelle n'était pas "la répression". "La culture c'est avant tout un accès à une liberté d'esprit", avait-elle lancé lors de la mise en place de la mission de consultation, laquelle devrait rendre ses conclusions au début du printemps 2013.