
Décidemment, Pascal Praud est un fidèle téléspectateur du service public. Deux semaines après avoir pris pour cible "Bénie soit Sixtine", une fiction de France 2 qui traitait de "la vie d'une jeune femme soumise à l'influence de cercles intégristes catholiques", le présentateur de "L'heure des pros" sur CNews a étrillé, ce lundi 17 février 2025, un bandeau incrusté dans le magazine "En société", diffusé la veille sur France 5. Celui-ci résumait le débat en cours : "Hamas / Une organisation toujours dangereuse ?".
"Je me permets de répondre à cette question. Oui M. Snégaroff, le Hamas est une organisation dangereuse, et même terroriste !", a répliqué Pascal Praud à l'émission présentée selon lui par Thomas Snégaroff, dénonçant au choix "la propagande" et "la complaisance" du programme envers le groupe à l'initiative des massacres du 7 octobre 2023 en Israël.
"Loin de moi l'idée d'interdire France 5, d'envoyer M. Snégaroff dans un camp de réhabilitation ou de réclamer une amende de plusieurs millions d'euros. J'observe simplement le deux poids deux mesures qui régit l'espace médiatique", a-t-il considéré, faisant allusion au sort réservé par l'Arcom à C8 après le 28 février 2025 à minuit.
"En société" est, pour rappel, orchestré par Émilie Tran Nguyen depuis la rentrée, Thomas Snégaroff est l'un des intervenants du magazine produit par Together Media. La confusion de Pascal Praud vient du fait que l'historien a précédé les critiques quant à l'intitulé de ce débat en opérant une mise au point dans "C politique", l'émission qu'il anime bel et bien juste après "En société" chaque dimanche sur France 5.

"On a évoqué la situation du Hamas et sa dangerosité persistante", a rembobiné le présentateur qui officie aussi sur France Inter. "Il ne s’agissait évidemment pas de minorer cette dangerosité mais de réagir aux propos d’Antony Blinken, l’ancien secrétaire d’État américain, qui lui-même estimait que l’organisation était toujours active et qu’elle recrutait toujours beaucoup de militants. Dont acte". Une précision relayée par le compte X (ancien nom de Twitter) d’'En société' et qui a été diffusée le lendemain dans "Pascal Praud & vous" sur Europe 1.
Malgré ces précisions de Thomas Snégaroff, CNews et Europe 1 ont continué à consacrer une large part de leurs émissions à ce sujet. Cyril Hanouna a de nouveau évoqué cette séquence dans "On marche sur la tête". "Il paraît qu'ils n'ont pas dit une fois que le Hamas était une organisation terroriste", a relevé l'animateur de "TPMP", se référant à un article... issu du blog de Jean-Marc Morandini, autre figure du groupe Canal+.
Sonia Mabrouk, en charge de l'interview politique matinale des deux antennes, a, quant à elle, fait réagir Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement national de la Somme, alimentant ainsi le robinet à critiques contre le service public.
"Poser la question en ces termes là est tellement déplacé", a encore déploré Françoise Laborde, à l'origine d'une tribune pour défendre la liberté d'expression et le maintien en vie de C8, au micro de Pascal Praud. L'ancienne présentatrice du "13 Heures" de France 2 d'accuser : "Est-ce que c'est particulier à France 5 ? Est-ce que c'est la génération service public qui veut être dans une pensée de gauche ? Il y a cette dérive des intellectuels dits de gauche qui ont de l'indulgence pour le terrorisme", a-t-elle fustigé sans nuance.
Françoise Laborde a dans la foulée fait référence à l'utilisation par Franceinfo du terme "otage" pour qualifier les 200 prisonniers palestiniens libérables dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre l’État hébreu et le Hamas fin janvier 2025. "Il s’agit d’une erreur, d’une absence de rigueur journalistique, que nous avons reconnue immédiatement et qui a été très vite corrigée", avait commenté le 13 février dans "Le Figaro" Alexandre Kara.
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Le directeur de l’information du groupe public avait dans la même interview également reconnu un "dérapage éditorial" dans "L'heure américaine" diffusée sur le canal 27. L'émission avait pris au mot Donald Trump et sa proposition de transformer la bande de Gaza en ruines en "Riviera du Moyen-Orient". Julien Benedetto avait interrogé un professionnel du tourisme sur la faisabilité d'un tel projet, avec en bandeau la question suivante : "Gaza Côte d’Azur, et si c’était possible ?".
Ces deux événements ont déclenché le vote par la rédaction de Franceinfo d'une motion de défiance réclamant le départ de Laurent Delpech, le directeur de la chaîne.