"Je trouve ça hallucinant". Hugo Clément a partagé à ses abonnés, ce vendredi 9 juin 2023 sur Twitter, son exaspération lorsqu'il a découvert que le discours qu'il a prononcé le 31 mai 2023 dans le cadre d'un événement organisé à l'Hôtel de Ville de Paris et dédié à la défense de la biodiversité, a été en partie "censuré". Durant son discours, le journaliste avait "dénoncé certaines décisions d'Anne Hidalgo (la maire de Paris était présente à l'événement, ndlr) et de Carole Delga (présidente socialiste de la région Occitanie, ndlr)" en matière écologique. "Blonde média", qui a capté les images de son intervention, lui répond.
Dans un long thread, le journaliste contextualise : "Je donne des chiffres, je parle d'études scientifiques, et je dénonce une série de mesures prises par des responsables politiques", précise-t-il. Hugo Clément d'énumérer : "Je parle de Marc Fesneau (ministre de l'Agriculture, ndlr) qui défend les pesticides, du gouvernement qui soutient l'élevage intensif, de Laurent Wauquiez (président Les Républicains de la région Auvergne-Rhône Alpes, ndlr) qui utilise de l'argent public pour la chasse..."
"Et, à un moment, je parle du Parti socialiste, notamment d'Anne Hidalgo et de Carole Delga, dont elle est très proche", assure-t-il. Je cite Anne Hidalgo pour dénoncer les coupes d'arbres à Paris dont elle est responsable, et je cite Carole Delga pour critiquer son soutien à un projet autoroutier qui va dégrader la biodiversité en Occitanie. Anne Hidalgo et Carole Delga ne sont pas ciblées spécifiquement, elles figurent simplement dans mon discours, comme de nombreux autres responsables et partis politiques. Bref, rien de méchant", analyse-t-il.
"Et là, surprise !", se désole le journaliste. "Je reçois tout mon discours sauf le passage où je parle d'Anne Hidalgo et de Carole Delga, avec une coupe faite à la hache. Une bonne vieille censure à l'ancienne", se désespère-t-il avant de diffuser le passage en question filmé par l'une des personnes présentes dans la salle.
"Franchement, je trouve ça hallucinant. Quand on est élu, il faut accepter la critique et sa libre expression. Je ne sais pas qui a pris la décision de censurer ce passage, s'il s'agit d'une demande de la mairie ou d'un zèle des organisateurs, mais c'est nul. Et qu'on ne vienne pas me dire qu'il s'agit d'un problème technique. Car la chance qu'il survienne pile poil au moment du passage sur Anne Hidalgo et Carole Delga, à la seconde près, est à peu près nulle", a-t-il conclu.
Dans un communiqué, publié dans la matinée de ce vendredi 9 juin 2023, "Blonde média" dit découvrir "avec étonnement" les tweets d'Hugo Clément. "Notre média était sur place pour couvrir l'événement dans le cadre d'un sujet sur l'économie sociale, avec de faibles moyens de production", répond la rédaction, qui justifie l'absence de l'extrait mis en lumière par Hugo Clément.
"Concernant le passage évoqué, le caméraman a dû changer de batterie de l'appareil photo pendant le discours d'Hugo Clément pour espérer en capter la majeure partie. Si la saute concerne bien la partie du discours mentionnant la maire de Paris, elle concerne aussi un passage sur Jean-François Copé et n'a aucun lien avec les services de qui que ce soit".
D'après les images relayées par Hugo Clément, plusieurs caméras semblent pourtant en route pour capter son discours et filmer la tribune selon différents angles. En cas de panne de l'une d'elles, une autre caméra n'aurait-elle pas pu prendre le relais ? puremedias.com a posé la question à "Blonde média". "Nous avions deux caméras : une fixe et une mobile", nous explique-t-on. "Le cadreur de la mobile a fait quelques images d'Hugo Clément au début de son discours mais n'est plus intervenu ensuite. Il était en nage et venait de filmer l'événement 2h30 de suite sans s'arrêter. La caméra fixe a donc pris le relais sur les dix dernières minutes de l'intervention du journaliste après que le cadreur a changé la batterie".
La rédaction du média regrette en conclusion "d'être pris dans une polémique qui dépasse très largement nos prérogatives, notre mission et notre engagement bénévole au sein de l'association qui porte le projet de 'Blonde média', libre de tout lien et de toute pression extérieure", se défend-elle. Hugo Clément, lui, n'en est pas si sûr. Le journaliste n'en démord pas et souligne, après avoir mené son enquête ce vendredi 9 juin dans un nouveau tweet publié à 16h25, que l'organisateur de l'événement, Inco, "Blonde" et la mairie de Paris sont "très proches".
"Nicolas Hazard, patron d'Inco, héberge 'Blonde média" dans ses locaux du XIXe arrondissement. Nicolas Hazard est également un proche d'Anne Hidalgo, 'sa première fan', selon 'L'Obs', qui lui confie plusieurs missions importantes et qui héberge donc à l'Hôtel de Ville son événement annuel Impact 2". "Nathan Marronneaud, confondateur de 'Blonde', semble lui aussi grenouiller avec le PS. Il a relayé des messages de soutiens politiques à la maire de Paris et a été conseiller de Benoît Hamon en 2017", affirme-t-il.