Une journaliste trop insistante face à un politique de droite épouse-t-elle forcément les idées de gauche ? Oui pense visiblement Jean-François Copé, après son intervention ce matin sur France Info. Interrogé par la journaliste Mathilde Munos sur l'actualité et plus précisément les affaires qui éclaboussent le pouvoir, il n'a visiblement pas apprécié la pugnacité de son interlocutrice. "Je n'ai aucune information là-dessus" a-t-il lâché dès la première question pour couper court à l'interview sur ce sujet. La journaliste le relance, insiste. Puis Copé s'en agace : "On ne va pas passer toute l'interview là-dessus".
Courageuse, Mathilde Munos suite son conducteur et l'interroge cette fois sur le patrimoine de Ziad Takédine, estimé à 40 millions d'euros alors qu'il n'a jamais payé d'impôts en France pendant plusieurs années. "Comment expliquez-vous cela ?" lui demande la journaliste. "Je n'en sais rien rétorque Copé, je n'ai jamais été saisi par personne sur ce sujet". La journaliste insiste : "Quand on est ministre du budget et qu'on a un ami qui a des contrôles fiscaux, on en parle pas ?". Autre question sur la compagne de François Hollande, qui aurait fait l'object d'une enquête de police selon L'Express. "Pardon, je ne vais pas gâcher votre matinée, on a chacun son engagement et je respecte le vôtre lui répond Copé. Peut-être pourrait-on poser la question à l'envers ? Si c'était faux, est-ce que cela ne vous choquerait pas, vous ? Quel que soit le vote qui sera le vôtre dans les prochains mois, et c'est votre droit le plus strict !". Comprenez : si vous vous acharnez autant ce matin, c'est que vous devez forcément être une journaliste d'un autre bord politique que le mien.
Après ce face à face, Jean-François Copé sort furieux du studio. "A la fin de l'interview, c'est un Jean-François Copé très énervé qui est sorti du studio, se plaignant au directeur de France Info, puis, via un collaborateur, par téléphone. En lançant que notre consoeur aurait sûrement une promotion si la gauche passait, que laisse-t-il entendre ? Que doit-on en déduire si c'est la droite qui passe ?" s'interroge la Société des Journalistes dans un communiqué . "Et bien non, monsieur Copé, vous poser des questions sur un thème d'actualité, ce n'est pas faire du militantisme lui répond la SDJ. Le militantisme, c'est votre quotidien, pas le nôtre. Mathilde Munos a été exemplaire durant cette interview, et pas plus incisive qu'avec François Hollande, deux jours avant. Accrocheuse, mais calme et courtoise, malgré vos insinuations, elle a fait honneur à notre profession".