L'opinion à la télévision n'est pas à son goût. Ce samedi, le journaliste Jean-Jacques Bourdin a accordé un entretien dans les colonnes du "Figaro" afin de revenir sur sa rentrée. Depuis fin août, l'homme libre ne présente pas plus la matinale de RMC, tranche qu'il a depuis cédée à Apolline de Malherbe. L'intervieweur a tout de même conservé son rendez-vous politique, "Bourdin direct", retransmis en direct sur la radio du groupe Altice et sur BFMTV. "Mon interview politique de 8h30 bat des records d'audience", se félicite-t-il. Et de glisser : "On parle beaucoup du succès de Zemmour sur CNews, mais je fais plus d'audience que lui !".
Par la suite, le présentateur tient à "rappeler les fondamentaux du journalisme" : "Il faut s'en tenir aux faits et rechercher des informations. Et surtout ne pas débiter des opinions. Dans ma carrière, je n'ai jamais été un journaliste militant ou engagé qui professe sa vérité". S'il assume avoir déjà "bousculé des invités avec des questions précises ou dérangeantes", Jean-Jacques Bourdin assure que "c'était toujours pour obtenir une réponse ou une information". "L'arrivée de l'opinion sur les plateaux télés est une dérive que je déplore. Maintenant, on invite une personne non pas pour chercher une information, mais pour délivrer une opinion radicale ou pour obtenir un commentaire sur un autre commentaire et entretenir ainsi l'effet boule de neige", poursuit-il.
L'intervieweur estime que ce "mouvement" monte "depuis longtemps", "bien avant les Gilets jaunes". "L'opinion est une paresse journalistique et je pense que les difficultés financières des médias y sont pour beaucoup. Rechercher et produire de l'information coûte cher : il faut des journalistes de qualité qui vont sur le terrain et connaissent leurs dossiers", souligne Jean-Jacques Bourdin. Et de lâcher : "Produire de l'opinion ne coûte rien. Il suffit de mettre un homme ou une femme avec des opinions tranchées qui ne connaît rien aux sujets dont il parle et on produit du buzz, repris en boucle par les médias. On a remplacé la compétence par l'excès !".