Carton plein pour Jean-Jacques Bourdin. A l'issue de l'édition 2018 des Radio Notes, le journaliste de RMC a obtenu deux distinctions, "matinale généraliste de l'année" et "interview matinale de l'année". "L'homme libre" du groupe NextRadioTV, présente du lundi au vendredi la matinale sur RMC de 6h à 8h30, matinale retransmise en simultané sur RMC Découverte, tandis que son interview politique radio est diffusée entre 8h35 et 9h en direct sur BFMTV.
Propos recueillis par Christophe Gazzano.Vous décrochez deux récompenses dans le cadre de ces Radio Notes 2018 : dont l'"interview matinale de l'année", comme en 2017. Qu'est-ce-que cela vous inspire ?
Je conserve mon trophée, je suis très heureux évidemment. C'est le résultat d'un travail mené depuis des années, avec cette interview qui n'a cessé de progresser. J'ai un style qui m'est propre, naturel je crois, dans l'interview. Je donne la priorité aux auditeurs et aux téléspectateurs et je pense toujours à eux quand je réalise mes interviews. Je suis nourri par RMC et par RMC Découverte avant l'interview, ce qui m'aide considérablement. J'ai beaucoup d'appels le matin, donc l'auditeur et l'auditrice me suggèrent en quelque sorte des questions ou m'inspirent dans mes questions. C'est la relation avec eux qui compte et qui me permet de réaliser ce type d'interviews.
"J'ai pulvérisé un record d'audience sur RMC Découverte"
Y a-t-il eu selon vous un effet télévision qui a joué sur la notoriété de votre matinale ?
C'est une conjonction. L'interview radio marche très bien en radio et en télévision. Hier encore (lundi, ndlr), j'ai pulvérisé un record d'audience sur RMC Découverte (avec 291.000 téléspectateurs en moyenne pour la matinale et 9,5% de part de marché selon Médiamétrie). On a multiplié par cinq l'audience de la chaîne en quatre ans, ce qui est unique et ça va même plus vite que ce que j'ai connu à BFMTV et à RMC. On a été les premiers à faire la conjonction radio/télé et ça montre bien que c'était l'avenir et que nous avons eu raison de le faire. On a pris des risques au début, ça a été très difficile techniquement, j'ai pesté à de nombreuses reprises...
Pensez-vous que les soucis techniques liés à votre installation dans de nouveaux studios sont derrière vous ? On vous a vu pousser quelques coups de gueule à l'antenne à ce sujet.
Tout ça c'est fini. Ca fonctionne très bien maintenant.
Etiez-vous sérieux quand vous avez menacé d'arrêter la retransmission de votre matinale en simultané à la télévision si les problèmes persistaient ?
Rhoo... C'est ma nature, c'est le direct, la franchise !
"Je ne parle plus jamais des confrères"
Est-ce-qu'a l'instar de France Inter, vous espérez vivre un "moment de grâce", comme l'a déclaré Léa Salamé, en décrochant un scoop tel que celui obtenu en direct sur la démission de Nicolas Hulot à la fin du mois d'août ?
Vous voulez que je vous dise ? Nicolas Hulot, quand il a été accusé par certaines personnes (suite à un article du magazine "L'Ebdo), il est venu chez moi. Je n'ai pas crié ça sur les toits. Des scoops, j'en ai eu beaucoup depuis que je fais cette interview. Et puis, je ne cours pas après le scoop. Ce qui m'intéresse, ce sont les réponses des politiques et les questions que je pose. Moi je garde ma relation avec les auditeurs et je garde mon chemin, ma ligne de conduite. Cela fait deux ans que je gagne votre concours, donc c'est bien l'illustration que je suis resté sur la même ligne de conduite !
Si on lit entre les lignes, certains de vos confrères gagneraient selon vous à être plus modestes ?
Non, je vous le dis tout de suite, une chose que je ne fais plus : je ne parle plus jamais des confrères.
C'est lié à de mauvais retours ?
A rien du tout ! Déjà, je me concentre sur ce que je fais et ce n'est pas toujours facile.
Récemment, vous avez recueilli à l'antenne le témoignage d'un auditeur prénommé Abdel, en lien avec le mouvement des Gilets jaunes, qui a notamment rapporté que des manifestants étaient prêts à monter à Paris armés. Or, selon un article de "L'Express", cet homme aurait prétendu sur une web-radio il y a quelques années être millionnaire.
Ce n'est pas vrai. Que les choses soient claires, c'est lui qui a appelé, je lui ai donné la parole, c'est tout. Je ne l'ai pas soutenu. Ensuite, nous avons fait un reportage avec lui sur RMC : Abdel existe et il a d'ailleurs modéré ses propos. Si je commence à douter de tous les témoignages des personnes qui m'appellent, je ferme boutique.
"Il suffisait d'écouter l'antenne pour voir venir la colère des Gilets jaunes"
Toujours concernant les Gilets jaunes, faites-vous partie de ceux qui pensent que les médias en ont trop fait sur le sujet ?
Non. Je trouve que les médias ont joué leur rôle, même si parfois on a donné la parole à des Gilets jaunes sans vraiment savoir d'où ils venaient. Finalement, je n'ai pas été tellement surpris par cette colère parce que cela fait des mois et des mois qu'on m'appelle. Cette colère-là, il suffisait d'écouter l'antenne pour savoir qu'elle existait.
On a vu un des animateurs de RMC, Eric Brunet, enfiler un gilet jaune en solidarité avec le mouvement. Avez-vous été tenté de faire de même ?
Vous ne pensez quand même pas que je vais enfiler un gilet jaune : je n'ai jamais enfilé aucune chasuble, ni signé aucune pétition et je ne le ferai jamais. Je reste dans mon rôle de journaliste.
Etant donné que vous êtes proche de vos auditeurs, cela aurait pu être une marque forte de proximité avec eux...
Non, ce n'est une marque de proximité, c'est une marque d'opportunisme. Je reste dans mon rôle, je pose des questions et j'écoute surtout celles et ceux qui m'appellent.