Endemol fait le bilan. Dans un entretien à paraître prochainement sur puremedias.com, Jean-Louis Blot, le président du groupe audiovisuel, a accepté de revenir sur les grands chantiers de la boite de production en 2022. Et ils ont été nombreux. Le lancement de "Drag Race France" sur France Télévisions, le retour de "Masterchef" sur France 2, "Celebrity Hunted" et "LOL, Qui rit sort" sur Amazon Prime Video. Mais 2022 restera l'année du retour gagnant de la "Star Academy" pour Endemol France. Bilan.
Propos recueillis par Ludovic Galtier et Benjamin Rabier
puremedias.com : Quel bilan tirez-vous de ce retour de la "Star Academy" sur TF1?
Jean-Louis Blot : Le bilan de la "Star Academy" est ultra-positif. On est hyper content de l'accueil du public et de la façon dont s'est déroulée cette saison. Quand, à la fin du printemps, Ara Aprikian a décidé de remettre la "Star Academy" à l'antenne, c'était un vrai pari, pour eux comme pour nous, et il a été réussi. Le public a répondu présent. Pour être honnête, on a presque été surpris du succès de la quotidienne. Au final, on a rempli le pari de l'audience et le pari éditorial avec la découverte d'une nouvelle génération par les téléspectateurs.
Que voulez-vous dire ?
On ne voit plus à la télévision des candidats qui ont une vingtaine d'années. Ceux que l'on a découvert il y a quelques années ont plus de 30 ans aujourd'hui. L'adhésion à leurs valeurs, un peu plus collectives, centrées sur le partage et l'apprentissage, a été très forte. On est moins dans la culture du clash avec cette génération-là.
"On voulait raconter une histoire à mi-chemin entre 'Familles nombreuses : La vie en XXL' et 'Ici tout commence'"
C'était une volonté de votre part de mettre en avant ce type de personnalités ?
Lors des castings, on s'est rendu compte que la génération qui à 20 ans aujourd'hui ne ressemble pas à celle qui à 30/35 ans. Dans la façon de capter la réalité, ce que l'on voulait c'était raconter une histoire à mi-chemin entre "Familles nombreuses : La vie en XXL" qui était à l'antenne à cette heure-là et "Ici tout commence" dont l'intrigue se déroule aussi au sein d'une école. On était vraiment dans l'idée de faire une quotidienne qui reprenne une partie de ces codes-là. Ensuite, on a été très surpris de la qualité des candidatures. On s'est aperçu que l'on était face à une génération qui n'était pas représentée à la télévision, qui voulait participer à cette aventure, non pas pour devenir des stars mais pour apprendre. Ça aussi c'est différent. La "Star Academy" n'était plus une fabrique de stars mais une école.
Cette édition n'a duré que six semaines. Frustrant, non ?
En tant que producteur, plus c'est long, plus c'est bon j'ai envie de vous dire (il sourit). La véritable histoire, c'est que dès le début, on avait une fenêtre assez courte du fait de la Coupe du monde de football. Donc on ne pouvait pas faire autrement. Ça a permis à TF1 de lancer l'émission sans risquer une catastrophe industrielle pendant douze semaines. Cela a donc été une opportunité. On savait qu'une édition plus longue aurait été compliquée. Après, si on avait pas eu la Coupe du monde, on aurait peut-être pu rallonger...
Il y a justement eu des rumeurs autour de la prolongation de l'émission pendant la saison. Vous y avez pensé ?
C'était très compliqué du fait des grilles de programmation de TF1 à cause de la Coupe du monde mais aussi à cause des plateaux. On a dû céder le nôtre pour la finale car il était déjà réservé. C'est pour cela qu'on l'a organisé dans le studio 217 qui était pris jusqu'alors par "Danse avec les stars". Cela aurait été très complexe de prolonger.
Cette saison était conjointement proposée par Endemol France et DMLSTV. Comment vous êtes-vous répartis les rôles dans la production de l'émission ?
C'est plus Matthieu Vergne que DMLSTV. Il a assuré la direction artistique de l'émission. C'est un projet global. Endemol fabriquait l'émission, Matthieu Vergne et DMLSTV en assuraient le lead éditorial.
Le casting des professeurs a également beaucoup fait parler. Comment les avez-vous choisis ?
Comme on est dans une école, on a fait appel à de vrais professeurs. On a pris des professionnels légitimes. Pas des célébrités ou des vedettes mais des gens dont le métier est d'enseigner, de partager. Même notre directeur, Mickaël Goldman, dont le vrai métier est de découvrir des talents.
Il y a eu quelques ajustements en cours de saison comme la présence de Mickael Goldman lors du débrief du dimanche assuré les premières semaines par la seule Laure Balon...
Ce n'était pas un ajustement. C'est une question de disponibilité. C'est aussi la façon d'écrire l'émission qui a évolué au fur et à mesure. La quotidienne se fabriquait quasiment en direct.
"Je n'ai pas vu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux regrettant l'absence de stars internationales"
Vous aviez annoncé la venue de stars internationales. On ne les a pas beaucoup vues. Dommage, non ?
Je n'ai pas vu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux regrettant l'absence de stars internationales. Je l'ai lu dans la presse. Sur les réseaux sociaux, on était à 20.000 tweets par jour hors prime. Ce sujet était un infime pourcentage des conversations sur la plateforme.
En 2022, est-ce difficile de faire venir des stars internationales sur un plateau télé ?
On a essayé et on a réussi. On voulait un parrain international et on l'a eu. C'est très complexe de faire revenir des stars internationales sur un plateau télé. Ça ne veut pas dire que les gens veulent des stars internationales. Est-ce que l'émission aurait mieux marché avec des stars internationales ? Je n'ai pas la réponse. A priori, ça n'a pas manqué.
Le manque d'investissement de Robbie Williams, le parrain de la saison, a aussi pu questionner...
Est-ce que c'est bien d'avoir un parrain qui vient sur le lancement et qu'on ne revoit plus de la saison ou est-ce que c'est mieux d'avoir un parrain qui est là à la fin, qui fait des duos avec les finalistes et qui remet le trophée à la gagnante ? Au final, je préfère qu'il soit là à la fin.
Avant le lancement de la "Star Academy", vous aviez annoncé aussi que Jenifer allait avoir un "rôle à part". Au final c'était quoi ?
C'est la seule artiste qui était là sur le premier prime. Elle a lancé cette saison de façon magnifique. Elle incarnait la "Star Academy" d'il y a 20 ans et les stars d'aujourd'hui. Elle a envoyé un signal magnifique.
Une saison 2 ? "C'est absolument faux. Rien n'est signé"
Près d'un mois après la finale, une saison en 2023 est-elle assurée ?
On est en train de faire le bilan de cette saison, de voir en interne ce qui a fonctionné ou pas. On saura assez vite s'il y a une saison supplémentaire. L'émission a plutôt bien fonctionné, les scores sur les quotidiennes ont été assez bons, les primes n'ont pas démérité donc j'espère qu'il y aura une "saison 2" de la "Star Academy" l'année prochaine.
La presse a annoncé que c'était déjà signé...
C'est absolument faux. Rien n'est signé.
Avec la "Star Academy", vous avez aussi relancé un live 16h/24 : quelle audience a réalisé ce flux ?
MyTF1Max c'est comme Netflix ou Amazon Prime Video, on ne connaît pas les chiffres (il rigole). En tout cas, ce live a généré beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux qui ont sûrement amené une partie des gens qui ne regardaient plus la télévision à venir sur la quotidienne. Ça faisait 10 ans qu'il n'y avait plus de live, je pense que ça a plus que rempli son rôle de caisse de résonance sur les réseaux sociaux.
Vous avez aussi lancé une deuxième partie présentée par Karima Charni. Quel bilan en tirez-vous ?
Les audiences ont été bonnes tout au long de la saison. Karima a fait un boulot formidable. On avait besoin de cet aspect grande soeur. Avant cette émission, je n'avais jamais vu ce qui se passait dans le car après les primes de la "Star Academy". C'était un truc un peu nouveau d'avoir ce retour, de les suivre, ça nous servait de fil rouge durant cette deuxième partie de soirée où les artistes chantaient leur nouveau single. Franchement, on a raconté une belle histoire dans cette deuxième partie de soirée. Je me dis qu'on peut développer quelque chose à partir de ce duplex de Karima.
"On n'est pas du tout concurrent de "The Voice"
On a souvent opposé "The Voice" et la "Star Academy". Les deux marques peuvent-elles cohabiter sur TF1 ?
Bien sûr. On n'est pas du tout concurrent de "The Voice". "The Voice" c'est l'excellence, c'est un programme installé, le divertissement le plus performant de TF1 aujourd'hui. Nous on arrive, on performe sur les quotidiennes, on raconte une autre histoire sur les primes. Ce sont des programmes qui peuvent cohabiter sans problème. Ce n'est pas la même promesse, on ne raconte pas la même histoire. Nous on est sur un feuilleton d'une école, "The Voice" c'est spectaculaire, c'est magnifique.
Pour Endemol, est-ce que cette première saison de "Star Academy" est rentable ?
(rires) On communique très peu sur nos chiffres mais franchement, pour Endemol, financièrement ce n'est pas une bonne affaire. J'espère que ça le deviendra dans les années à venir.