Le bruit et la fureur de Jean-Luc Mélenchon. Ce lundi, l'ancien candidat à l'élection présidentielle publie sur son blog un long billet contre "L'Emission politique" de France 2. Invité du programme présenté par Léa Salamé jeudi dernier, le chef de file de La France insoumise n'a pas caché son agacement concernant le déroulé de l'émission. Ainsi, tout au long de sa tribune, il pilonne tous azimuts les journalistes qui ont travaillé sur l'émission.
Tout d'abord, selon lui, il s'agissait d'un "règlement de comptes" pour "frapper le principal opposant politique des employeurs" des journalistes de France 2. "Une manoeuvre politicienne sous déguisement journalistique. Tout y passa : fausses identités des invités, mensonges sciemment proférés par le pseudo-économiste de la chaîne, suivi d'un after à vomir", écrit-il, assurant : "Tous les coups semblent permis contre moi."
Jean-Luc Mélenchon explique qu'il avait "cru à un super débat sur les deux doctrines économiques en présence", soulignant qu'il ne se "préoccupait pas des liens familiaux, politiques et communautaires" de Léa Salamé. Cette dernière phrase a d'ailleurs été modifiée depuis sur le blog : "Je ne me suis pas préoccupé de ses liens familiaux et communautaires politiques". "Elle m'a abusé et sciemment endormi. J'ai donc dû affronter deux heures de pièges à deux balles, de mensonges et d'abus de pouvoir médiatique, au lieu de la belle soirée de réflexion politique à laquelle j'avais naïvement cru", se désole-t-il, avant de lâcher : "Léa Salamé est juste une personne sans foi ni loi."
Il s'en prend ensuite à Nathalie Saint-Cricq, avec qui il avait déjà eu un échange tendu en direct. Selon lui, la chef du service politique de France 2 "ne comprend pas la moitié des sujets dont on discute" et "gouverne avec cette hargne caractérielle qui est la signature des faibles", "une équipe de gens tétanisés par ses foucades et humeurs", écrit le député de Marseille. Déjà, plus tôt dans le texte, l'ex-sénateur PS qualifie la journaliste de "figure de proue" de la "politicaille psycho-minaudante".
Par la suite, il dézingue "le décor pompeux du rite de la grande 'émission'", "le piège de l'invité surpris", "l'exercice de supercherie nommé 'rencontre avec les Français' où des guignols viennent jouer un rôle sous fausse identité" et "la séquence 'En immersion' qui est devenue un guet-apens".
Au tour ensuite de François Lenglet d'être frappé par la foudre insoumise. Le journaliste économique est défini par Jean-Luc Mélenchon comme "le personnage le plus vintage de 'L'Emission politique'", "dont les méthodes sont les plus discutables". "Une fois précédente, il m'avait jeté à la figure une accusation de corruption à propos du président de la Bolivie. Il le faisait sur la base d'un ragot que même la presse de la pire droite bolivienne avait abandonné", enchaîne le quatrième homme de la présidentielle de 2017.
"Les journalistes Léa Salamé, François Lenglet et Nathalie Saint-Cricq ont organisé un traquenard médiatique. Ils ont abusé de leur autorité pour truquer des chiffres et mentir délibérément", poursuit-il, interrogeant : "Auprès de qui se plaindre ? Où faire redresser la situation ? (...) Il n'y a rien sauf le lourd appareil judiciaire et l'extrémité de la plainte en diffamation". Par conséquence, Jean-Luc Mélenchon annonce qu'il lance une pétition pour la création "d'un tribunal professionnel qui ait le pouvoir de sanction symbolique contre les menteurs, les tricheurs et les enfumeurs."
De son côté, la direction de l'information de France Télévisions a tenu à "rejeter fermement les accusations de 'guet-apens' ou de 'traquenard'" et "soutient pleinement l'équipe de 'L'Emission politique' dont certains membres ont fait l'objet d'attaques ad hominem". "Elle indique que Jean-Luc Mélenchon a fait l'objet de la même préparation dans le cadre de l'émission que les invités qui l'ont précédé et a été soumis aux mêmes séquences et au même traitement que les autres invités", a expliqué le groupe audiovisuel du service public.
La Société des journalistes de France 2 s'est aussi exprimée après la publication du billet du chef de file de la France insoumise. "La SDJ de France 2 apporte son soutien à Nathalie Saint-Cricq, Léa Salamé, et François Lenglet, cibles d'attaques odieuses et inacceptables de la part de Jean-Luc Mélenchon", écrit la Société des journalistes sur leur compte Twitter, avant de conclure que c'est "indigne d'un responsable politique".