Europe 1 a besoin de rire. Dans une situation difficile, la station du groupe Lagardère pourra à nouveau compter dès demain sur un atout qu'elle connaît bien : Jérôme Commandeur. Éloigné quelques mois des ondes, cet enfant de la maison bleue fera son retour dans la matinale de Patrick Cohen demain à 7h25 avec sa pastille "Commandeur News". À l'occasion de son grand retour à l'antenne, puremedias.com s'est entretenu avec Jérôme Commandeur.
Propos recueillis par Pierre Dezeraud.
puremedias.com : "Commandeur News" reprend sur Europe 1 ce lundi après plusieurs mois d'absence. Pourquoi il y a-t-il eu cette coupure ?
Jérôme Commandeur : En fait, j'avais deux films dans lesquels je jouais, qui étaient "Cendrillon" et "Les Emojis" qui sortaient, et d'un autre côté, je devais écrire le spectacle puis tourner en province pour le roder. J'ai donc fait une cinquantaine de dates entre septembre et décembre. Donc la chronique du matin, ça aurait vraiment été physiquement impossible.
Il n'y a donc jamais eu de séparation avec Europe 1 ?
Non, pas du tout ! Dès que la nouvelle direction est arrivée, elle a d'ailleurs été très attentive et bienveillante à mon égard et nous avons parler très vite de mon retour.
Vous reprenez "Commandeur News" lundi puis les représentations de votre spectacle, "Tout en douceur", débuteront mercredi à La Gaîté Montparnasse. Prêt pour un rythme d'enfer ?
Je l'avais déjà fait il y a quelques années. Il suffit juste de segmenter la journée. Ça arrive d'ailleurs à plein de gens dans ce métier qui mènent différentes activités dans une seule journée. Après, c'est sûr que je ne vais pas faire la fête dans ma loge jusqu'à 1 heure du matin. Dans l'idéal, j'aimerais bien rentrer chez moi vers 23 heures pour entamer la journée suivante à 6 heures. Ça me semble raisonnable.
À quel moment préparez-vous le "Commandeur News" ?
La veille. Quand j'étais programmé à 7h50, je le faisais le matin. Mais c'est quand même mieux de gratter une ou deux heures de sommeil en plus le matin (rires).
"Il y a un côté très bonne franquette dans 'Commandeur News'"
Est-ce que vous avez prévu de nous faire découvrir de nouveaux personnages ?
Oui, j'espère ! Je vais aussi essayer de réinstaller les précédents aussi mais en fait je ne me pose pas vraiment la question car je ne suis pas un imitateur. Je n'ai pas l'impératif de la voix, contrairement à mes camarades Nicolas Canteloup et Laurent Gerra. J'ai la chance d'avoir des personnages sortis de mon imagination qui peuvent être de sombres inconnus avec des voix complètement tordues. Il y a vraiment un côté très "bonne franquette" dans tout cela. Imiter des ministres et autres, ce n'est pas tellement mon registre. Par contre, je vais continuer à croquer des gens à côté de la photo comme l'assistante, l'hôtesse d'accueil, le vigile...
Rassurez-nous, on va retrouver Virginie Choupard, Amanda Macron et Geneviève de Fontenay ?
Bien sûr, tout le monde sera là ! Sans oublier Bernard Fisard du service des sports...
Jusqu'en juin, votre interlocuteur était Thomas Sotto. C'est désormais Patrick Cohen. Ça change quelque chose ?
Ça ne change rien. Déjà, je connais bien Patrick car je suis un fidèle de "C à vous". J'adore aussi bien les regarder qu'y aller. Je le croise souvent. Après, en qui concerne le "Commandeur News", c'est plus un ping pong avec Julie. Le matinalier est plus observateur durant l'exercice.
"J'aurais aimé être à l'antenne pendant la période 'Balance ton porc'"
Là, vous êtes sûr de repartir sur Europe 1 jusqu'en juin ?
Oui. Mon absence était seulement liée à la préparation du spectacle et ça me manquait. Ces derniers mois, j'avais gardé le réflexe. Souvent, dans la journée, je me disais "Tiens, je vais faire ça demain" avant de me rappeler que la chronique n'existait plus. Par exemple, quand vous avez une passion comme moi pour Silvio Berlusconi, vous regrettez de ne pas avoir été à l'antenne pendant tout l'épisode "Balance ton porc". Je suis sûr qu'il aurait eu plein de choses à nous dire...
Qu'est ce qui compte le plus dans la préparation de "Commandeur News" ? L'actualité ou les personnages ?
L'actualité est inégale. Alors que les personnages, vous leur faites dire ce que voulez quand vous voulez. L'actualité compte mais ce n'est souvent qu'un cadre en ce qui me concerne et l'écriture des personnages est vraiment un exercice que j'affectionne.
Vous échangez un peu avec Matthieu Noël et Nicolas Canteloup, vos compères humoristes dans la matinale d'Europe 1 ?
On s'envoie les vannes qui nous font marrer, on s'écoute les uns et les autres et on sait le boulot que c'est pour chacun. Nicolas est un bon camarade et je suis très lié à Matthieu. J'ai démarré avec lui sur Europe 1 il y a sept ans. Je le connais par coeur et je suis un grand fan.
"Je suis attristé mais plein d'espoir pour Europe 1"
Comment vivez-vous la situation très difficile dans laquelle se trouve Europe 1 ?
Forcément, ça me chagrine. C'est amusant mais quand les gens parlent d'Europe 1, ils rajoutent souvent "c'est la radio qu'écoutaient mes parents quand j'étais petit". Et bien, c'est mon cas. Du coup, il y a un attachement très fort. Donc aujourd'hui, je suis attristé mais plein d'espoir. Ce qui est peut-être un peu énervant, c'est qu'on a souvent peu de mémoire. Europe est une radio qui a connu des heures extraordinaires et elle en connaîtra d'autres. C'est un cycle.
Vous avez traversé plusieurs remaniements ces dernières années. Vous vous reconnaissez dans la nouvelle grille ?
J'aime beaucoup ! Ce n'est pas de la flagornerie, je trouve vraiment que cette grille est à la fois élégante et populaire. Les conneries sur le foot de Thomas Thouroude me font marrer, Daphné Bürki est l'une des plus talentueuses de sa catégorie et je suis un grand fan de Patrick Cohen... Je vais dire une banalité mais il faut juste du temps pour que les gens s'habituent.
Vous incarnerez René Angelil dans le prochain film de Valérie Lemercier sur Céline Dion. Vous allez avoir le temps de le tourner ?
Oui mais dans ces moments-là, on ne se projette pas à long terme. D'ailleurs quand je le fais, je me trompe. Je ne sais pas forcément ce que je ferai la saison prochaine. À instant T, je me concentre sur mon retour à la matinale et sur mes cent dates à la Gaité, c'est déjà pas mal (rires).
"Je me suis rendu compte que la scène me manquait"
Un certain laps de temps s'est écoulé depuis votre premier seul en scène. C'était nécessaire ?
J'avais envie de remonter sur scène mais beaucoup de choses sont arrivées, notamment au cinéma, sans parler de la matinale d'Europe. Du coup, ça a reculé un peu l'échéance. Quand je me suis mis à roder mon deuxième spectacle, j'étais presque ému parce que c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que ça m'avait manqué.
En quoi ce second seul en scène est-il différent du premier ?
Mon premier spectacle était axé autour d'une galerie de personnages. Là, j'ai vraiment envie de m'adresser directement aux gens. Il se trouve qu'il y aura pas mal d'accessoires, de happenings, etc... Mais il y aura aussi beaucoup de réflexion sur notre société, la névrose du passé que l'on a tous, le "c'était mieux avant". Je laisse momentanément les personnages de côté.
Vous avez joué votre premier spectacle à plus de 800 reprises. On imagine que ce ne sera pas autant cette fois ?
Le deuxième one man, c'est toujours un peu moins. On me demande souvent pourquoi le premier spectacle a duré sept ans. En fait, vous démarrez en général dans des petites salles. Et si vous avez la chance que le public vienne, l'échelle change un peu. Surtout que le cinéma et la radio permettent une certaine visibilité. J'espère pouvoir me permettre de faire des salles un peu plus grandes avec ce second spectacle. Finalement, ce que vous ne faites pas en durée, vous le faites en taille de salles.
"Je n'ai pas spécialement envie de faire de la télé"
Vous cumulez la radio, le cinéma et la scène. Mais il y a une grande absente. La télé, ça ne vous tente pas ?
On me pose souvent la question. J'en discute souvent mais je n'ai pas trouvé ce que j'aimerais y faire. D'abord, je n'ai pas de temps. Et je dois avouer que j'aime beaucoup ce triangle-là. Je m'en nourris. Après, je ferai peut-être de la télé un jour... Pour l'instant, y aller pour faire de la promo me suffit. Si j'ai une envie et qu'un diffuseur en a une également, pourquoi pas, mais ce n'est pas dans mes projets immédiats. Disons que ce n'est pas une porte fermée mais que ce n'est pas non plus une envie spécifique.
On a déjà parlé du prochain film de Valérie Lemercier. Vous avez d'autres projets pour le cinéma ?
Oui mais c'est encore un petit peu tôt pour en parler.
Notamment en tant que réalisateur ?
Oui, j'aimerais bien. Je me laisse du temps. On peut se dire que d'ici un an et demi ou deux ans, ce serait bien de faire un deuxième film.
Avec un peu plus d'un an de recul maintenant, quel regard portez-vous sur la sortie de votre premier film ?
Je ne me rendais pas compte de l'importance du barnum que peut représenter le fait de réaliser un film et ensuite de le porter de bout en bout. J'ai vraiment découvert ça. Aujourd'hui, je pense que je me mettrais moins sur un coin de nappe à lancer mille idées et je serais moins la fleur au fusil. Je serais plus averti. Je sais l'investissement et le temps que cela représente.