Que retenir de cette année médiatique ? Pour la cinquième saison, puremedias.com propose sa série d'interviews des personnalités du PAF, qui vous livrent leurs coups de coeur et coups de gueule. Au tour de Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, les @Garriberts, journalistes médias et cofondateurs du site d'information LesJours.fr.
La personnalité médiatique de l'année ?
Alexandre Benalla. Une révélation dans tous les sens du terme. Une révélation journalistique d'abord, du Monde. Une révélation photographique ensuite, Alexandre Benalla était sur toutes les photos d'Emmanuel Macron et on ne le voyait pas, jusqu'à la révélation de l'affaire. Une révélation du fonctionnement ou plutôt du dysfonctionnement du système macroniste enfin. Ce système élyséen qui fonctionne en vase clos, où Macron est entouré de quelques courtisans qui se croient tout permis. L'affaire Benalla est aussi le révélateur du mouvement des gilets jaunes (rendez-vous dans la question suivante. Vous avez vu ce cliffhanger de folie ? C'est à force de faire de l'actualité en séries aux Jours !).
La personnalité politique de l'année ?
Les gilets jaunes. Ou comment un mouvement horizontal, protéiforme, qui se structure sur Facebook a réussi à déstabiliser en profondeur le système politique français. C'est une crise qui vient de loin, qui se stratifie autour du pouvoir d'achat. Mais pour revenir sur l'affaire Benalla, nous sommes frappés de la façon dont Emmanuel Macron a tenté de minimiser l'affaire ("une tempête dans un verre d'eau") et de voir comment aujourd'hui les gilets jaunes lui renvoient à la face les paroles qu'il a prononcées à l'époque, notamment: "S'ils veulent un responsable, il est devant vous ! Qu'ils viennent le chercher". Aujourd'hui ce sont les gilets jaunes qui sont venus le chercher.
Le coup médias de l'année ?
L'espagnol Mediapro qui déboule dans le game des droits télé du foot et en rafle une bonne partie, laissant Canal+ comme deux ronds de flanc.
Le mensonge médiatique de l'année ?
Le retrait de Vincent Bolloré de Canal+ quelques jours avant l'annonce de sa mise en examen pour corruption dans des dossiers africains. Il reste celui qui décide de tout, des programmes, des films, qui est à Canal+ chaque mardi pour les réunions de direction, direction qu'il a d'ailleurs totalement façonnée au point que, à la tête de Vivendi, c'est son propre fils Yannick qu'il a installé.
L'émission TV de l'année ?
Plus personne ne la regardait tant elle avait été réduite à peau de latex par Vincent Bolloré mais oui, "Les Guignols", supprimés cette année après 30 ans dans une indifférence à peu près totale.
L'émission radio de l'année ?
Ou plutôt une voix, celle de Nicolas Teillard de France Info, parce qu'on aime bien sa voix, voilà.
La série de l'année ?
"La servante écarlate" (ainsi que "Le bureau des légendes" mais juste l'histoire de Jonas en Syrie parce que l'autre fil narratif avec Matthieu Kassovitz en Russie nous a un peu saoulés).
Le dérapage médias de l'année ?
L'affaire du Togo. Ou la preuve flagrante de ce que nous racontons depuis 108 épisodes de L'empire sur Les Jours: Vincent Bolloré a à ce point asservi Canal+ qu'il parvient comme qui rigole à faire diffuser sur son antenne un publireportage à la gloire d'un de ses clients, le président du Togo Faure Gnassingbé afin de le consoler des tracas que lui a causé un reportage de L'effet papillon sur son opposition.
Le flop TV/radio de l'année ?
Europe 1, certainement, même si le flop semble entamé depuis des années. Ça tient finalement plus d'un mouvement, une flopade en somme avec, pour nous cette interrogation: à qui parle Europe 1?
Le/la journaliste de l'année ?
De l'année, on ne sait pas mais ce sont ceux de notre année (et de la prochaine, et de la suivante): les journalistes des Jours et leurs petits bras musclés!
L'animateur/animatrice de l'année ?
A l'heure où nous répondons à ce questionnaire, nous sommes devant Baba en Laponie sur C8 alors que Jean-Michel Maire est en train de baisser son pantalon pour faire ses besoins dans la neige alors navrés, mais nous n'arriverons pas, dans cette catégorie et même si elle lui semble chaque année destinée, à distinguer Cyril Hanouna. Donc tous les animateurs et les animatrices sont celles et ceux de l'année à part Cyril Hanouna.
La personnalité médiatique qui marquera 2019 ?
Quand on voit que celle de 2018 est Alexandre Benalla, on attend celle de 2019 avec impatience en affûtant nos doigts sur nos claviers.