Que retenir de cette année médiatique ? Jusqu'au 31 décembre, puremedias.com propose la saison 2 de sa série d'interviews des personnalités du PAF, qui vous livrent leurs coups de coeur et coups de gueule de la saison. Au tour de Laurent Goumarre, à la tête de "Entrée Libre" chaque jour sur France 5 et journaliste sur France Culture.
La personnalité médiatique de l'année ?
Michel Houellebecq, qui s'est imposé comme un phénomème culturel : deux films ont utilisé son personnage, un ex-rocker français met en musique ses "poèmes", un roman graphique et une pièce de théâtre adaptent respectivement "Plateforme" et "Les particules élémentaires". Symptôme d'un "suicide français" ?
Le coup médias de l'année ?
"Merci pour ce moment", de Valérie Trierweiler. Un coup média à coup sûr, mais une erreur de positionnement d'une journaliste quant à la place des femmes dans la vie politique. Ce qui raconte le livre, au-delà de la blessure narcissique, c'est le spectacle de la chute du statut présidentiel, qui n'est que la conséquence du positionnement "normal" voulu par François Hollande. Ben non, un président n'a pas vocation à être normal.
Le fait d'actualité le plus marquant de l'année ?
La mise en place inexorable de l'Etat Islamique, l'enlèvement incroyable des lycéennes, et face à cela le sentiment d'une impuissance internationale qui n'a d'égale que la violence des exactions.
L'émission TV de l'année ?
J'imagine que je dois dire "Touche pas à mon poste" au vu des audiences et du savoir-faire de Cyril Hanouna, qui a su hystériser le statut des "chroniqueurs de rien" à la télévision. Mais non, ce sera "Le Supplément" de Canal, qui a pris encore plus d'ampleur cette saison. Je me dis chaque fois en regardant ce programme et "Le Petit Journal" que Laurent Bon est l'un des rares producteurs à inventer des formats à la télévision. Sans oublier "C dans l'air", toujours impeccable.
Le dérapage médias de l'année ?
Les déclarations d'Eric Zemmour, son révisionnisme historique, son statut de polémiqueur professionnel créé et utilisé par les médias. Bref la construction d'un personnage médiatique et l'élaboration de ses fantames paranoïaques qui, pour autant, permettent de relire ce qui est à l'oeuvre dans la littérature de Michel Houellebecq.
Le journaliste de l'année ?
Elise Lucet pour "Cash investigation". Je suis à fond pour le journalisme de confrontation, nécessaire aujourd'hui pour prendre "place" dans les affaires. C'est passionnant de voir que quand le journalisme "s'invite", tous les cadres sautent. C'est autre chose que d'être dans la position du journalisme qui "invite" des politiques, personnalités. Il est temps de s'inviter à la table de ceux qu'on a souvent complaisamment reçus par le passé.
Le flop de l'année ?
Le bruit du plug de l'artiste Paul Mc Carty dégonflé par une société qui refuse de penser le sexe autrement qu'en termes de scandale et de provocation. A ce titre, les attaques dont l'exposition géniale de Jeff Koons fait encore l'objet témoignent parfaitement la résistance d'un art qui montre de quoi nous sommes faits : régression infantile, pornographie, et ce kitsch révélateur d'une lutte des classes.
La Une de presse de l'année ?
Les Unes de "Elle".