Mystérieusement vôtre. Ce matin, le quotidien Libération fait sa manchette sur la sortie du film "Skyfall", le 23e opus des aventures de James Bond. La Une titrée "Un Bond à part" vient soutenir une double page de la rubrique Culture, qui contient une critique du film et un portrait de Javier Bardem, l'acteur espagnol qui interprète le méchant de ce Bond version 2012.
Depuis la publication de l'article, des internautes se plaignent de n'avoir saisi que quelques mots de ces deux pages écrites par le journaliste Bayon, une des signatures réputées du quotidien. Quand on s'y plonge, les papiers manquent cruellement de limpidité et nécessitent de la concentration (et parfois plusieurs relectures !) pour en percer le sens. L'article principal, titré "Skyfall, éloge de la déBondade", s'avère être davantage un délire de l'auteur autour de l'icône 007 qu'une critique proprement dite.
Bayon débute ainsi son article : "C'est un film sur le passage. En halo dans un couloir, le héros émerge de ce qui suggère une near death experience, en boyau de "lumière blanche". Franchi un charnier moderne de bureau, ce pas opaque au seuil du thriller Skyfall débouche en plein cagnard d'Istanbul. Où démarre à fond une poursuite à moto vertigineuse sur les toits turcs à bulbes (dans le décor même du récent Taken 2, curieux télescopage). A moto... et en auto, en camion, en grue, en train, à pied, aux poings, au fusil de visée sur cible vivante..."
Même l'encadré nous laisse pantois. Décryptant une photo du torse imberbe de Daniel Craig (qui s'opposerait à celui velu de Sean Connery), le journaliste écrit : "Saisi là comme dans la déploration mélancolique d'un foisonnement passé, scrutant la morne plaine de ses pectoraux ras et désolés. A poils sans poils. Tel qu'il a l'air de se détester, triple zéro tel que l'on aime".
Sur les réseaux sociaux, l'incompréhension est immense, y compris parmi les confrères de Bayon. "Deux pages dans Libé sur le dernier James Bond. Par Bayon. Pas compris un mot", écrit une journaliste tandis qu'une autre dénonce un papier "imbitable". Un étudiant s'amuse : "L'article sur Skyfall dans Libération est très musical mais j'ai rien compris".
Rares sont les personnes pour défendre Bayon. Même un journaliste de Radio France, visiblement client du style du journaliste de Libé, est resté coi. "Je me réjouissais de lire les deux pages de Libé sur James Bond, et c'est évidemment une épreuve", écrit-il sur son compte Twitter, en conseillant le quotidien à publier dans son édition de demain une "critique normale" de "Skyfall". Pas sûr que Libé s'exécute.