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La société Hatis accuse "Complément d'enquête" de "pratiques déloyales", T. Waleckx dénonce un "contrefeu mensonger"
Publié le 15 avril 2022 à 13:02
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
France 2 a diffusé hier soir le fameux numéro de "Complément d'enquête" sur le ciblage électoral.
La société Hatis accuse "Complément d'enquête" de "pratiques déloyales", T. Waleckx dénonce un "contrefeu mensonger" © France 2
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L'entreprise menace de suites judiciaires. Hier soir, France 2 a pu diffuser le fameux numéro de "Complément d'enquête" sur le ciblage électoral, baptisé "Big Data : Quand les politiques nous ciblent !". Cette diffusion clôt la controverse créée par la déprogrammation, mardi 5 avril, de ce numéro attendu initialement deux jours plus tard, le jeudi 7 avril.

Désormais, la deuxième chaîne doit faire face à la colère de l'une des sociétés présentées dans l'enquête. Dans un communiqué publié hier soir avant la diffusion du magazine, la start-up Hatis a dénoncé "les pratiques déloyales" des équipes de "Complément d'enquête" et a souhaité "apporter des précisions".

"N'y a-t-il pas un mélange des genres ?"

Le programme de France 2 s'est penché sur Paul Hatte, un élu LR du conseil de Paris, et son entreprise Hatis, qui propose une cartographie électorale sur-mesure à des élus, dont certains parisiens, mais sur laquelle n'apparaît nulle part que son dirigeant est un homme politique. "Un élu qui vend un logiciel de données électoral à d'autres élus. N'y a-t-il pas un mélange des genres ?", s'est demandée la voix off du magazine.

Selon "Complément d'enquête", Paul Hatte a refusé leurs demandes d'interview. Une journaliste de l'émission s'est alors immiscée dans la société en tant que stagiaire et a filmé des réunions de l'entrepreneur en caméra cachée. Lors d'un échange privé, Paul Hatte s'est vanté de travailler avec de nombreux partis politiques et a expliqué se servir du nom de sa mère pour démarcher des clients. "Moi, c'est plus problématique parce que, comme je suis élu, je ne peux pas m'amuser à démarcher des élus de Paris par erreur. Le fait que je sois élu, fait que déontologiquement parlant et légalement parlant, je ne peux pas vendre de logiciels aux élus de Paris", a-t-il déclaré, sans savoir qu'il était filmé.

Epinglé par la commission de déontologie, selon France 2

Lors d'un conseil de la ville de Paris, un autre reporter de "Complément d'enquête" a interpellé publiquement Paul Hatte pour l'interroger. "Est-ce qu'on peut être à la fois élu de Paris et être à la tête d'une entreprise qui gère des données électorales ? Est-ce qu'il n'y a pas un souci de conflit d'intérêts ?", a demandé le reporter. "Je pense que c'est bien d'être élu et à la fois chef d'entreprise. Sur l'aspect déontologique, il n'y a pas d'enjeu légal et pas d'enjeu éthique. Tout est déclaré à la commission de déontologie", a-t-il répondu, assurant ne pas utiliser de "prête-nom", via sa collaboration avec sa mère. "Ma mère est mon associée dans mon entreprise. Elle démarche des partis, oui. Elle m'aide à faire du démarchage, c'est son droit", a souligné Paul Hatte.

Après avoir été interrogé par France 2, Yves Charpenel, président de la commission de déontologie de la ville de Paris, a considéré qu'un contrat de la société Hatis, signé avec la mairie du XVe arrondissement, aurait dû être stoppé il y a un an, et que Paul Hatte devait y mettre fin immédiatement, selon "Complément d'enquête".

"Des propos mensongers et diffamatoires"

L'entreprise Hatis a réagi quelques heures avant la diffusion du reportage hier soir, dénonçant les méthodes de la journaliste de France 2 de s'être "infiltrée dans les activités quotidiennes de la société", et "malgré un engagement contractuel de confidentialité", d'avoir "consulté des documents commerciaux" et "enregistré et filmé en caméra cachée l'ensemble des discussions et rendez-vous professionnels et privés". "Contrairement à ce que prétend le reportage, jamais avant ce faux stage, la société Hatis n'avait été contactée par 'Complément d'enquête'", a rétorqué la start-up. Selon l'entreprise, la journaliste a "poussé" Paul Hatte à "lui faire prononcer les propos les plus télégéniques et spectaculaires possibles", "sous-entendant que les activités de la société Hatis seraient incompatibles avec la fonction d'élu de son président".

Dans le détail, la société a estimé qu'une indication du mandat politique de Paul Hatte "aurait été illégale" et que "l'élection de son dirigeant en tant qu'élu local" n'a donné lieu à "aucun conflit d'intérêts", "ni prise illégale d'intérêts". Elle a ajouté que le président de la commission de déontologie de la ville de Paris n'avait pas demandé à mettre fin au contrat signé avec la mairie du XVe arrondissement : "C'est totalement faux". "Il s'agit purement et simplement de propos mensongers et diffamatoires tant à l'égard de la société Hatis et de son dirigeant que de la commission de déontologie", a terminé l'entreprise, annonçant vouloir "donner les suites judiciaires qui s'imposent".

Dans un tweet hier soir, Tristan Waleckx, présentateur de "Complément d'enquête", a maintenu la véracité des informations présentées dans le documentaire et a annoncé que Paul Hatte a tenté "d'empêcher la diffusion" du magazine en référé - qu'il a perdu -. "L'élu de Paris tente un contrefeu mensonger par communiqué. La commission de déontologie de la ville confirme ce soir lui avoir demandé d'arrêter son contrat après nos révélations", a-t-il écrit. Et d'inviter ses abonnés à regarder le reportage "pour comprendre pourquoi cet élu ne veut surtout pas que vous regardiez l'enquête".

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