Il n'a pas lâché l'affaire. La société de production Hikari, qui produit "Complément d'enquête" a été sommée par la justice de remettre des enregistrements de l'épisode consacré à Gérard Depardieu à l'acteur lui-même. Le tribunal judiciaire de Paris a pris cette décision "dans un souci de transparence", selon une ordonnance de référé rendue jeudi et relayée par l'AFP, confirmant une information révélée par le "JDD".
Dans les images en question, on peut l'entendre tenir des propos graveleux, notamment des allusions sexuelles à l'égard d'une petite fille. Diffusé en décembre sur France 2, ce "Complément d'enquête" revient sur les accusations de viol et d'agressions sexuelles contre la star de 75 ans. Dans une séquence qui a choqué les téléspectateurs, l'acteur multiple les propos misogynes et insultants envers les femmes qu'il croise, et sexualise une petite fille d'une dizaine d'années qui fait du cheval. "Si jamais il galope elle jouit. C'est bien ma fifille, continue", peut-on notamment l'entendre dire. Des images tournées lors d'un voyage en Corée du Nord en 2018, par l'écrivain et réalisateur Yann Moix, et jamais dévoilées au grand public avant la diffusion du magazine.
L'acteur, qui conteste les accusations à son encontre, assure n'avoir "jamais tenu ces propos devant une jeune fille" et dénonce le montage de l'émission, qui "ne restitue pas" leur réel "destinataire". La justice demande donc à la société Hiraki de "communiquer les enregistrements (...) correspondant strictement à la séquence filmée en présence de Gérard Depardieu dans le haras", précise l'ordonnance du tribunal.
"La société Hikari fait appel de cette décision et France Télévisions s'associe à cette démarche", a indiqué à l'AFP le groupe d'audiovisuel public, rappelant que Gérard Depardieu a été débouté "de toutes ses demandes vis-à-vis" du groupe. "Cette décision interpelle", ont encore estimé les représentants de France Télévisions, "car elle amènerait à ce que tout plaignant exige les rushes (images tournées sans montage, ndlr) en cas de désaccord lors d'un reportage, ce qui serait extrêmement problématique au regard de la protection du secret des sources des journalistes".
Depuis la diffusion du reportage, l'authenticité de la séquence a été remise en cause par les défenseurs de Gérard Depardieu, dénonçant un montage malveillant, ainsi que par Yann Moix lui-même. Une hypothèse évoquée par Emmanuel Macron lors d'une édition spéciale de "C à vous" tournée à l'Élysée en décembre. Assurant être "un grand admirateur" de l'acteur, il a notamment déclaré, en direct sur France 5 : "Il y a parfois des emballements sur des propos tenus, je me méfie du contexte, j'ai compris qu'il y avait des polémiques (...) sur les mots qui étaient en décalage avec les images".
Une déclaration dénoncée par la société des journalistes (SDJ) de France Télévisions. Mandaté par le groupe, un huissier de justice, commissaire de justice et auditeur au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation avait ensuite visionné les rushes de l'émission. Son son constat était alors sans appel : dans cette séquence, Gérard Depardieu tient bien des propos obscènes à l'égard d'une petite fille. Visé par trois plaintes pour viol et mis en examen suite à l'une de ses plaintes depuis 2020, Gérard Depardieu est accusé par treize de femmes de violences sexuelles sur de tournages.