Marine Le Pen compte achever jusqu'au bout l'entreprise de dédiabolisation de son parti. Son dernier cheval de bataille : elle ne veut plus que l'on qualifie le FN de parti d'extrême droite. La responsable politique l'a fait fermement savoir au micro de Jean-Michel Aphatie sur RTL le 3 octobre dernier, menaçant même d'éventuelles poursuites judiciaires tous ceux qui continueraient à qualifier le Front National de cette façon.
A la suite de ces propos, "Le Nouvel Observateur" a tenu à publier le jour même un éditorial du directeur de sa rédaction, Renaud Dély, expliquant pourquoi le FN était "toujours d'extrême droite". La patronne du FN a donc envoyé un courrier à Laurent Joffrin, directeur de la publication du journal, pour exiger un droit de réponse. Pour lui répliquer, Laurent Joffrin a choisi lundi les colonnes de son propre hebdomadaire. Dans un texte intitulé "Pourquoi nous sommes prêts à aller au tribunal face à Marine Le Pen", le directeur de la publication du Nouvel Obs a ainsi refusé catégoriquement tout droit de réponse à la leader frontiste. "Marine Le Pen, procédurière comme l'était son père, nous a envoyé un droit de réponse interminable (...). Nous ne le publierons pas" a-t-il fait savoir.
Et Laurent Joffrin d'expliquer sa démarche. "Si nous le faisions, nous serions contraints de recommencer à tout bout de champ, en tout cas à chaque fois que nous placerions le FN à l'extrême droite de la vie politique, ce qui reviendrait à nous censurer, sous la férule d'un régime exorbitant du droit et du bon sens", tranche le directeur du Nouvel Obs. Ce dernier affirme d'ailleurs en conclusion de son texte ne pas craindre le procès. "Comme l'indique implicitement Marine Le Pen dans sa lettre, nous sommes susceptibles d'être poursuivis devant la justice pour refus d'insérer son texte (...) Nous acceptons d'avance le procès. La justice tranchera".