"Têtu" lâche ses célèbres cover boys. Le magazine gay et lesbien ne veut plus de garçons bodybuildés et photoshopés en Une, c'est la volonté de son nouveau propriétaire, Jean-Jacques Augier, qui a détaillé dans un dialogue avec les internautes la nouvelle stratégie éditoriale du titre.
"Notre idée est d'abord d'exclure les mannequins, même si ça peut être à regret quand il s'agit de beaux garçons. Nous voulons mettre en une des personnes réelles qui ont quelque chose à dire, dont la vie nous paraît intéressante, qui réalisent dans quelque domaine que ce soit, des choses concrètes dignes d'intérêt", explique-t-il. Il pourra s'agir de "sportifs, acteurs du monde culturel, mais aussi un père gay heureux d'être père, ou un couple de mariés". Têtu, qui a toujours privilégié le glamour et le fantasme, veut désormais "toujours des vraies personnes" en couverture. Le dernier numéro de cette nouvelle formule montre par exemple un couple, loin des standards gays de beauté. "Têtu", dont le site internet a fusionné avec Yagg.com, va par ailleurs renforcer la place de la culture dans ses pages et délaisser peu à peu sa partie réservée aux lesbiennes.
Depuis plusieurs mois, le seul magazine gay et lesbien français a entamé sa mue. Pierre Bergé, propriétaire historique, l'a cédé pout un euro à Jean-Jacques Augier, qui a mis en place un plan social drastique (15 postes supprimés, soit 40% des effectifs). Malgré une diffusion payée en hausse à près de 40.000 exemplaires, Têtu a toujours perdu de l'argent depuis sa création, 2,3 millions d'euros en 2012. Le magazine gay et lesbien a survécu à la crise de la presse grâce aux investissements répétés de Pierre Bergé, là où d'autres magazines comme PREF ont dû fermer leurs portes.
Avec cette nouvelle formule, censée être plus proche de ses lecteurs, Têtu espère augmenter sa diffusion. "Je pense que Têtu peut être un excellent support de presse, détaille le nouveau propriétaire. Dans d'autres pays, en Angleterre, en Australie, en Allemagne, on voit des masculins homosexuels être d'excellents supports de presse à la fois au niveau du lectorat et de la publicité. Têtu peut devenir un magazine de ce type. C'est une aventure qui peut apporter d'excellents résultats et être remplie de succès".