Passage au commissariat. Selon une information du "Monde", Antony Perrino, président de "Corse-Matin", est entendu ce matin par la police dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 14 novembre 2017 par le parquet d'Ajaccio. Les membres de la brigade financière souhaitent interroger le patron de l'une des plus importantes entreprises de BTP et de promotion immobilière de Corse sur les conditions dans lesquelles il a loué l'un de ses appartements à Pascal Porri, figure d'un groupe criminel connu sous le nom de Petit Bar. Par ce biais, la justice étendra ses questions à l'ensemble des prises en charge financières des piliers de Petit Bar par Antony Perrino, à titre personnel et via ses sociétés.
Egalement entendu par les policiers ce mercredi, Pascal Porri dispose d'un logement dans la résidence Albert 1er à Ajaccio, construite face à la mer par le groupe dirigé par Antony Perrino. La brigade financière souhaite savoir pour quelles raisons le patron de "Corse-Matin" a décidé de prendre en charge les travaux de l'appartement de ce pilier de Petit Bar. Par ailleurs, la police cherche à mieux comprendre les conditions dans lesquelles le groupe Perrino a construit ce programme immobilier, qui avait été lancé par l'ancienne équipe municipale.
"Nous avons vendu un terrain à M. Perrino pour qu'il fasse une partie de HLM et du privatif", avait déclaré au "Monde" en 2018 l'ancien premier adjoint chargé de l'Urbanisme, Pierre-Antoine Luciani. Et d'ajouter : "Il avait ensuite ajouté dix appartements, mais le pourcentage respectait toujours la règle des 33% de social. Mais c'est vrai que la vitesse de son développement est étonnante, surtout sous l'actuelle municipalité."
Fin avril 2018, "Le Monde" avait interrogé le dirigeant du quotidien corse concernant cette affaire d'appartement et ses liens avec Pascal Porri. "Par amitié, je lui loue cet appartement à un prix légèrement inférieur à ceux pratiqués dans cet ensemble. Je suis prêt à m'en expliquer devant la justice quand elle me convoquera. Je le dis et le répète, il n'y a aucune relation contraignante entre moi et Pascal Porri", avait-il répondu, précisant : "En Corse, tout le monde connaît tout le monde et, souvent, les amis d'enfance restent liés quand ils deviennent adultes, même lorsque leurs parcours peuvent les éloigner."
Ce mercredi, l'avocat de Pascal Porri, Maître Pascal Garbarini, a indiqué au "Monde" qu'il "s'agit de simples vérifications faites dans une procédure qui poursuit son cours" : "Mon client s'y prête bien volontiers mais il conteste bénéficier de tout avantage indu et il apportera tous les éléments nécessaires à cette fin."