Victoire pour Elise Lucet. Ce lundi, le tribunal de Laval a débouté Emmanuel Besnier, président de Lactalis, après sa plainte pour atteinte à la vie privée contre "Envoyé Spécial" sur France 2. Le PDG avait porté plainte après la diffusion le 13 octobre 2016 du reportage baptisé "Le beurre et l'argent du beurre" et avait réclamé 50.000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 10.000 euros de frais de justice.
"En sa qualité de dirigeant du groupe Lactalis, leader mondial des produits laitiers, monsieur Besnier est un personnage public de sorte que le respect dû à sa vie privée n'est pas atteint par la publication de renseignements d'ordre purement patrimonial", est-il écrit dans le jugement du tribunal, que s'est procuré l'AFP. De plus, le tribunal de Laval a ordonné à Emmanuel Besnier de verser 2.500 euros de frais de justice à France Télévisions.
Dans le détail, le patron de Lactalis pointait du doigt des plans aériens pris au-dessus de son château dans la Mayenne. Selon le tribunal, d'autres articles de presse avaient déjà révélé auparavant son nom et sa localisation. "France Télévisions n'a fait que reprendre ce qui est de notoriété publique et mettre des images sur des éléments connus du patrimoine de M. Besnier (...) et que chacun peut visionner sur Google Maps", a souligné le tribunal de Laval.
Concernant une autre séquence mise en cause par le PDG, dans laquelle sa cuisinière révélait des éléments personnels sur Emmanuel Besnier, la plainte n'a pas été jugée recevable par la juridiction, qui considère les informations "anodines". Dans le reportage, les téléspectateurs avaient appris qu'il consommait les produits de son entreprise et que sa cuisinière était rémunérée au SMIC.
Après la diffusion du reportage en octobre 2016, le tribunal avait adressé à l'émission de France 2 l'injonction de ne pas rediffuser certaines parties du reportage consacré à Lactalis. Le PDG avait saisi la haute juridiction afin de "mettre un terme à ces attaques injustifiées et à la diffusion d'une émission uniquement à charge". France Télévisions avait alors annoncé son intention de faire appel de la décision du tribunal de grande instance de Laval. Depuis, la cour d'appel d'Angers avait estimé qu'il s'agissait bien d'une atteinte à la vie privée mais que l'absence d'urgence ne justifiait pas les mesures ordonnées par le juge des référés.