Joel Schumacher s'est éteint hier à New York. Le réalisateur âgé de 80 ans a succombé à un cancer contre lequel il luttait depuis un an, indique "Variety". Costumier avant de passer la caméra, il laisse derrière lui une filmographie inégale et accidentée, parsemée de succès critiques et publics mais également de films peu appréciés à leur sortie, si ce n'est pour son leur de l'esthétisme.
Parmi eux, ses projets les plus scrutés ont sans aucun doute été les deux films de la saga "Batman", qu'il a récupérée après que Tim Burton a décidé de passer à autre chose. Joel Schumacher passe ainsi derrière la caméra pour "Batman Forever" en 1995, dans lequel Val Kilmer se glisse dans la peau du justicier masqué face à Jim Carrey et Nicole Kidman.
Quatre ans plus tard, il sévit à nouveau dans "Batman Forever", sans doute le film le plus mal-aimé de la saga, porté cette fois par George Clooney dans le costume de l'homme-chauve-souris. Le costume du super-héros, où apparaissent des tétons, fait jaser, le réalisateur ouvertement gay s'amusant de l'homo-érotisme sous-jacent qui lie Batman et son acolyte Robin. Le film se fait assassiner par la critique et les fans, poussant même le réalisateur d'avoir "tué Batman". Attendu derrière la caméra pour un nouveau volet de la saga, le réalisateur est finalement remercié par Warner et le projet abandonné.
Bien avant "Batman Forever", après des études dans la mode et des premiers pas à la télévision, il signe son premier film en 1981 : "The Incredible Shrinking Woman", porté par Lily Tomlin, passe relativement inaperçu mais il rencontre son premier succès commercial en 1985 avec son troisième film, "St Elmo's Fire", dans lequel Demi Moore donne la réplique à Andie McDowell et Rob Lowe et dont il a également co-signé le scénario. Il s'aventure ensuite dans le fantastique avec "Génération perdue", bien reçu par la critique et le public et enchaîne avec la comédie romantique "Cousins", remake mal accueilli du film français "Cousin/cousine", puis le thriller "L'Expérience interdite", emmené par Julia Roberts et Kiefer Sutherland, qui rencontre un joli succès mais laisse les critiques de marbre.
En 1993, il renoue avec le succès critique grâce à Michael Douglas, qui le convainc de le diriger dans "Chute libre", un thriller psychologique présenté en compétition au festival de Cannes, et continue sur sa lancée avec "Le client", avant sa phase "Batman". L'échec de "Batman Forever" pousse alors le réalisateur à opter pour des films indépendants, enchaînant le thriller explosif "8mm" avec Nicolas Cage et "Personne n'est parfait(e)" avec Robert De Niro.
Les succès ("Tigerland" et "Phone Game" avec Colin Farrell) et les flops ("Bad Company", "Veronica Guerin") se succèdent jusqu'en 2004 où on lui confie l'adaptation de la comédie musical "Le Fantôme de l'Opéra" d'Andrew Lloyd Webber. Succès commercial, la critique n'est en revanche pas tendre, même s'il reçoit trois nominations aux Oscars. Elle ne l'est pas davantage pour "Nombre 23", thriller dont Jim Carrey tenait le rôle principal. La fin des années 2000 le voit diriger Michael Fassbender dans "Blood Creek" puis de jeunes acteurs dont Chace Crawford dans "Twelve", flop critique et commercial.
Son dernier passage derrière la caméra a eu lieu pour la télévision. En 2013, il réalise deux épisodes de la première saison de "House of Cards", série portée par Kevin Spacey et produite par son ami, David Fincher.