C'est une décision sévère qu'a rendu lundi la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris. Dans un jugement consulté mardi par l'AFP, cette dernière a condamné solidairement une journaliste de "Marianne" ainsi que le directeur l'hebdomadaire à 64.000 euros de dommages et intérêts pour avoir diffamé les frères Bogdanoff. La 17ème chambre a également ordonné la publication d'un communiqué judiciaire dans trois journaux.
En octobre et novembre 2010, Marianne avait publié dans ses colonnes et sur son site internet plusieurs articles et surtout des extraits d'un rapport du CNRS de 2003 selon lequel les thèses de Grichka et Igor Bogdanov, qui ont obtenu leur doctorat respectif de mathématique et de physique théorique respectivement en 1999 et 2002, "n'ont pas de valeur scientifique". Se fondant sur ce rapport qu'il révélait, l'hebdomadaire avait notamment qualifié les anciens animateurs de "Temps X" d'"imposteurs" et parlait "d'usurpations" et de "mystifications". Igor et Grichka Bogdanov avaient dans la foulée porté plainte pour diffamation et demandé chacun 50.000 euros pour leur préjudice moral et 792.500 euros pour leur préjudice matériel.
Dans sa décision, le tribunal a finalement estimé que les "propos diffamatoires" dans les articles incriminés "apparaissent plus comme des attaques personnelles que comme des critiques au fond de leurs théories". Les juges ont par ailleurs considéré que le sérieux de l'enquête ne pouvait être retenu dans cette affaire car Igor et Grichka Bogdanoff ne connaissaient pas la teneur du rapport du CNRS et la journaliste "ne leur a pas communiqué pour recueillir leurs observations avant la publication du premier article"
Interrogé par l'AFP, l'un des avocats des frères Bogdanoff, Me Thibault de Montbrial, s'est félicité de la "sévérité exemplaire" de la décision. Me Bénoit, l'avocat de "Marianne", a pour sa part estimé que "l'enquête est sérieuse et approfondie". "On nous reproche surtout le ton de l'article" a-t-il indiqué. L'avocat de l'hebdomadaire a jugé qu'il s'agissait d'une condamnation "manifestement excessive au regard du droit à l'information du public" et a annoncé son intention de faire appel de la décision du tribunal.