La crise se tend à "Libération". Réunis hier en assemblée générale, les salariés ont voté à près de 90% une motion de défiance à l'encontre du directeur de la publication, Nicolas Demorand, et du coprésident du directoire, Philippe Nicolas. Les équipes du quotidien entendent ainsi protester contre le plan d'économies présenté par la direction.
Ce plan comprend notamment une baisse "temporaire" des salaires, des départs volontaires à la retraite et des passages à temps partiel. Des mesures qui doivent, selon la direction, permettre au journal de faire 2 millions d'euros d'économies sur la masse salariale. Un plan massivement rejeté par les équipes qui réclament "la mise en place d'un vrai projet de développement". De leurs côtés, les actionnaires ont d'ores et déjà annoncé qu'ils soutenaient la direction.
Confronté à l'érosion de ses ventes, le titre finira l'année dans le rouge, avec des pertes estimées à 1,5 million d'euros. Depuis le début de l'année, la diffusion de Libé est même passée sous la barre symbolique des 100.000 exemplaires. Les actionnaires, MM. Rothschild et Ledoux, qui ne veulent plus apporter d'argent frais, ont donc demandé à la direction du titre un plan d'économies de 3 millions d'euros.
Ce n'est pas la première fois que Nicolas Demorand est mis en difficulté par ses propres équipes. En juin 2011, il avait déjà essuyé une motion de défiance qui avait été adoptée par 78% des salariés alors qu'il était directeur de la rédaction. Les équipes du journal protestaient à l'époque contre des suppressions de postes. A l'été dernier, Nicolas Demorand, qui était auparavant directeur de la rédaction et coprésident du directoire, avait laissé son poste à la tête de la rédaction à Fabrice Rousselot pour se conformer aux statuts du journal et ne plus prêter le flanc aux critiques.