C'est quatre fois plus qu'en 2015 ! D'après les informations de Télérama, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a été saisi plus de 25.000 fois depuis le début de l'année et s'attend à dépasser la barre des 30.000 d'ici fin 2016. La majorité de ces signalements concerne des questions de discrimination, d'atteinte à la dignité humaine et de déontologie. En comparaison, l'année dernière, les Sages n'avaient compté que 7.000 saisines de téléspectateurs mécontents.
Submergé de requêtes, le gendarme de l'audiovisuel mobilise désormais une quarantaine de personnes pour lire les signalements, trier les demandes légitimes des plus saugrenues, vérifier les textes de loi, débattre entre Sages et auditionner l'éditeur mis en cause. Ce qui peut prendre jusqu'à deux mois avant la publication d'une décision.
En première place des passages télé qui ont le plus agacé les téléspectateurs, on retrouve les sorties anti-Islam d'Eric Zemmour dans l'émission de "C à vous" du 6 septembre. Le CSA a enregistré pour cette séquence près de 5.800 saisines. Il y a deux semaines, le baiser de Jean-Michel Maire sur le sein d'une intervenante lors des "35 heures de Baba" sur C8 a accumulé de 2.500 signalements. Fin septembre, "Dossier Tabou" consacré à l'Islam et emmené par Bernard de la Villardière sur M6 a été saisi par 1.600 choqués.
Cette explosion de saisines pose aussi la question de l'efficacité des sanctions du CSA. Le téléspectateur se perd entre le classement sans suite, la mise en demeure, la mise en garde ou l'amende, très rarement appliquée. Si les critiques du Conseil des sages n'ont pas toujours été bien vécues par les chaînes après les attentats de 2015, d'autres restent indifférentes face à leurs remontrances. Par exemple, Cyril Hanouna s'amuse des remarques du CSA dans son émission "Touche pas à mon poste", en le mentionnant régulièrement.