Le verdict est tombé. Selon "L'Express", l'hebdomadaire "L'Obs" a été condamné à verser 90.000 euros vendredi pour le licenciement d'Aude Lancelin en mai 2016. Devant la section encadrement du conseil des prud'hommes de Paris, l'ex-numéro 2 du journal réclamait la nullité de son licenciement. Finalement, la décision des prud'hommes lui a donné partiellement raison puisque le licenciement n'a pas été considéré "nul", mais sans cause réelle et sérieuse. Elle a ainsi reçu un cinquième de sa demande initiale (460.000 euros).
Selon l'avocat d'Aude Lancelin, l'ancienne directrice adjointe de "L'Obs" "agaçait l'Elysée et ce licenciement a été décidé par des actionnaires" du journal en raison uniquement de ses opinions. En effet, l'ex-responsable des pages "Débats" de l'hebdomadaire aurait fait les frais de ses divergences avec Matthieu Croissandeau, le directeur de la rédaction. Une tribune signée par une quarantaine d'intellectuels avait été publiée pour soutenir la journaliste.
De son côté, elle avait écrit un livre "Le monde libre" en octobre 2016, dans lequel elle avait expliqué que son éviction était liée à des motivations politiques. Selon Aude Lancelin, la direction lui aurait fait payer d'avoir trop donné la parole à "la gauche de la gauche" dans les pages "Débats". La journaliste a d'ailleurs reçu le prix Renaudot de l'essai 2016 avec ce livre. Ce prix avait provoqué la colère de Jean Daniel, le fondateur de "L'Obs", qui s'était fendu d'une tribune au vitriol contre l'ouvrage d'Aude Lancelin. Puis, en mars 2017, elle avait rejoint la rédaction d'"Arrêts sur images", avant de soutenir le projet "Le Média", initié par la France Insoumise, qui révélera les journalistes de sa rédaction dimanche prochain.