Roselyne Bachelot fait entendre sa voix. Depuis plusieurs jours, de nombreuses rédactions montent au créneau contre l'article 24 de la loi relative à la sécurité globale. Ce dernier veut punir de 45.000 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement toute diffusion d'image permettant d'identifier un fonctionnaire des forces de l'ordre, quand elle est dévoilée "dans le but de porter atteinte à son intégrité physique ou psychique". Plusieurs titres de presse estiment qu'il risque de restreindre la possibilité de diffuser des images d'agents de force de l'ordre. L'article est également perçu comme une volonté de cacher les violences policières et ainsi mettre en péril le droit d'informer.
Dans un communiqué, le ministère de la Culture de Roselyne Bachelot a fait savoir qu'elle souhaitait faire évoluer cet article 24. "L'examen en cours à l'Assemblée nationale de la proposition de loi relative à la sécurité globale et notamment son article 24 suscite de légitimes interrogations. J'ai donc demandé au Premier ministre que des clarifications soient apportées à la rédaction du texte afin d'assurer la protection du droit d'informer", a déclaré la membre du gouvernement.
Elle a précisé que "ces demandes avaient été entendues" : "Le gouvernement après concertation a déposé un amendement qui précisera les dispositions de l'article 24 pour clarifier qu'elles ne sauraient porter atteinte au droit d'informer et que le nouveau délit ne soit constitué que si le but de porter atteinte à l'intégrité physique et psychique est manifeste". Celle qui se présente comme la "garante du respect des libertés publiques et notamment de la liberté de la presse et de la liberté d'expression" a assuré qu'elle restera "vigilante à ce que soient préservées les libertés fondamentales" et qu'elle fait "pour cela toute confiance à l'esprit de responsabilité de la représentation nationale".
Cette prise de position de la ministre de la Culture est censée venir rassurer les rédactions françaises, en conflit ouvert avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. Les relations entre le ministre de l'Intérieur et ces dernières se sont encore détériorées après que Gérald Darmanin a conseillé mercredi 18 novembre aux journalistes de "se rapprocher des autorités" pour couvrir les manifestations.
Dans une tribune publiée aujourd'hui, une trentaine de responsables de rédaction ont signé une tribune dénonçant la volonté de Gérald Darmanin "de porter atteinte à la liberté de la presse dans le cadre des manifestations". "La volonté exprimée d'assurer la protection des journalistes revient à encadrer et contrôler leur travail", ont-ils écrit. Et d'ajouter : "Les journalistes n'ont pas à se rapprocher de la préfecture de police pour couvrir une manifestation. Il n'y a pas d'accréditation à avoir pour exercer librement notre métier sur la voie publique". Ainsi, ils refuseront "pour cette raison", "d'accréditer leurs journalistes pour couvrir les manifestations".