A quelques semaines de la fin de la saison, Vincent Régnier, patron des magazines d'information de M6, dresse pour puremedias.com le bilan de leurs performances et nous dévoile les changements à attendre pour la saison prochaine.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
"Capital" recevra ce dimanche François Hollande dans une émission spéciale intitulée "La France en panne : comment faire sauter les verrous ?". Comment avez-vous réussi à convaincre un président de la République en exercice de venir sur votre plateau ? C'est une première ?
Oui, c'est une première. Thomas Sotto l'avait reçu dans "Capital" en 2012 lors de la campagne présidentielle, comme tous les principaux candidats à l'époque. Lors de cette émission, François Hollande avait promis de revenir dans l'émission en cas de victoire à la présidentielle. Il tient donc sa promesse. Sa venue est le fruit d'un travail de longue haleine mené par toute l'équipe. Depuis son élection, nous avons maintenu un contact continu avec l'Elysée en rencontrant à plusieurs reprises des conseillers du Président. Notre persévérance a fini par payer.
Pourquoi le président a-t-il fini par accepter cette invitation selon vous?
Je pense que le moment tombait bien pour tout le monde. De notre côté, l'émission de dimanche était de toute façon programmée. Elle est sans doute arrivée à un moment où le président de la République cherche à expliquer davantage sa politique économique aux Français. "Capital" est une émission de pédagogie autour des grandes questions économiques et correspond donc parfaitement aux intentions actuelles du président de la République. Un bon timing donc, renforcé par la promesse faite par le candidat Hollande en 2012.
Le président a-t-il exigé un droit de regard particulier sur l'émission?
Non. Nous avons eu des échanges cordiaux sur la construction de l'émission avec ses conseillers. On a par exemple discuté de son déroulé, de l'agencement des différents thèmes abordés comme le pouvoir d'achat ou le chômage. Mais il n'y a pas eu d'intervention sur le fond.
Plus généralement, quel bilan tirez-vous de la saison de "Capital"?
Nous tirons un bilan très positif. D'ici la fin de la saison, l'émission devrait avoir gagné près de 200.000 télespectateurs par rapport à l'année dernière. Il y a eu une légère érosion de l'audience au début de saison du fait d'une concurrence renforcée, notamment sur la TNT, avec la multiplication des magazines traitant de sujets économiques. Mais nous avons su bien redresser la barre et finir en progression. C'est donc très satisfaisant. "Capital" reste ainsi le magazine économique de référence.
Etes-vous satisfait du travail du présentateur et rédacteur en chef de l'émission, Thomas Sotto ?
Oui bien sûr. Nous finissons la saison en progression et sommes évidemment très satisfaits du travail de Thomas. Il a apporté beaucoup de choses à l'émission.
A la rentrée, il sera aux commandes de la matinale d'Europe 1. Pourra-t-il toujours être en même temps à la tête de "Capital" la saison prochaine?
Dans ce dossier, notre position est claire et n'a pas varié. Thomas Sotto est en contrat d'exclusivité radio et télé avec M6 jusqu'à la fin de la saison 2013-2014. C'est la position de la chaîne sur le sujet.
Ce contrat d'exclusivité n'a-t-il pas, de fait, été cassé par l'officialisation de son arrivée sur Europe 1 ?
Comme je vous l'ai dit, Thomas Sotto est en contrat avec M6 jusqu'en 2014. La notion de contrat est très importante dans ce groupe. Nous allons regarder avec lui dans les semaines à venir ce qui est compatible ou pas. Pour l'instant, nous sommes suffisamment occupés par l'émission à venir.
Vos relations avec lui se sont-elles refroidies depuis que vous avez appris dans la presse son arrivée sur Europe 1 ?
Il n'y a aucune situation conflictuelle avec Thomas Sotto. Nous gardons des relations sympathiques et discuterons bientôt de l'avenir avec lui. Nous ne sommes aucunement fâchés.
Son poste à venir de présentateur-rédacteur en chef à Europe 1 est-il cependant compatible avec son poste actuel de présentateur-rédacteur en chef de Capital ?
Non. Quoiqu'il arrive, il ne sera plus rédacteur en chef de "Capital" la saison prochaine. Il n'est question que de la présentation du magazine.
Autre magazine d'information "vitrine" pour la chaîne, "Zone interdite", présenté par Wendy Bouchard. Quel bilan tirez-vous de cette saison?
Nous sommes également très satisfaits des performances de "Zone interdite". Nous devrions pouvoir terminer la saison en progression de près de 200.000 télespectateurs. Nous sommes très heureux du travail de Wendy Bouchard qui gardera les commandes de l'émission la saison prochaine. C'est une animatrice qui monte en puissance et qui comptera encore plus dans les années à venir.
Quid d'"Enquête exclusive", présenté par Bernard de La Villardière en deuxième partie de soirée le dimanche ?
C'est le troisième grand succès de la saison pour nous. Le magazine est en très forte progression cette année et on le retrouvera évidemment la saison prochaine. Ce succès en deuxième partie de soirée est d'autant plus important qu'il a permis à M6 de construire une soirée forte et cohérente le dimanche, entièrement consacrée à l'information. En plus d'une audience en hausse, nous avons réussi à élargir le spectre des thèmes traités en conservant la même écriture, le même rythme, et en gardant les dimensions d'investigation et d'action qui font la force de la marque "Enquête exclusive".
Justement, dimanche dernier, vous avez diffusé un documentaire sur le vote FN produit par Mélissa Theuriau. Le succès a été au rendez-vous avec 18% de parts d'audience. Comptez-vous augmenter, à l'avenir, le nombre de collaborations avec elle ?
Nous avons été très contents des performances et de la qualité de ce documentaire. Il traitait d'un sujet de fond, sérieux, et c'était un pari audacieux qui s'est révélé être un grand succès. Nous allons évidemment poursuivre notre collaboration avec Mélissa. Cela restera du coup par coup. La chaîne continuera de sélectionner les projets en fonction de leur pertinence.
La diffusion sur M6 d'un nouveau documentaire produit par Mélissa Theuriau est-elle déjà prévue?
Oui, il y en a un en cours de fabrication actuellement. Je ne peux pas trop en parler pour l'instant. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il s'agira d'un film traitant d'un thème de société très féminin. Quant à la date de diffusion, elle n'est pas encore fixée.
Et "66 minutes"?
Pour "66 minutes", la situation est un peu différente. Nous sommes très satisfaits des performances de la première partie programmée autour de 17h20. En revanche, nous voulons faire plus avec la seconde partie ("66 minutes : les histoires qui font l'actu", programmé vers 18h40, NDLR). Nous sommes pour l'instant pénalisés par la coupure pub et la concurrence de "Sept à huit" sur TF1, qui est bien identifié par les téléspectateurs à cette heure-là. On réfléchit actuellement à des évolutions pour cette deuxième partie. Rien n'est arrêté mais on voudrait lui donner une identité plus claire en modifiant son format et en touchant par exemple au nombre et à la durée des reportages.
(NDLR : ces six derniers mois, "66 Minutes" a réuni en moyenne 1,77 million de téléspectateurs et 20% des ménagères de moins de cinquante ans, contre 1,99 million et 18% des ménagères pour la seconde partie)
L'access de M6 souffre depuis plusieurs mois d'une érosion de son audience. Quel bilan faîtes-vous des performances de "100% Mag" et doit-on s'attendre à des évolutions la saison prochaine ?
"100% Mag" a fait une très bonne première partie de saison. L'émission a en effet connu une petite perte de régime à partir du mois de février-mars. Comme toutes les autres chaînes, M6 a été impactée par la nouvelle concurrence des chaînes TNT, par d'autres access plus performants qu'avant, comme celui de D8 avec "Touche pas à mon poste".
La forte érosion de l'audience du "Dîner presque parfait" ne pénalise-t-elle pas "100% Mag" ?
Je ne pense pas. "100% Mag" fait des scores assez indépendants de ceux de l'émission qui précède ou qui suit. Le programme est majoritairement consommé par un même socle de téléspectateurs qui restent fidèles. Pour autant, nous travaillons sur un toilettage et voulons relooker la forme et le fond de l'émission. Nous sommes en train d'y réfléchir actuellement. Sur la forme, nous allons revoir le plateau et l'habillage. Sur le fond, nous allons repositionner le programme. Nous allons ainsi apporter de petits changements sur les sujets en revenant aux fondamentaux de l'émission : des services, de la proximité, donner des clefs aux télespectatrices dans leur vie de tous les jours. Ces derniers temps, nous sommes peut-être trop allés vers des sujets légers. Quant à Faustine Bollaert, elle restera à la présentation.
Vous lancez cet été un nouveau magazine, "On va voir ailleurs" ? A quoi ressemblera-t-il ? Peut-on imaginer qu'il revienne la saison prochaine ?
Oui, bien sûr. Tout dépendra des audiences. Le concept de ce nouveau mag est de permettre à des Français d'exercer leur métier à l'autre bout du monde. Faire d'un chauffeur de taxi à Marseille un chauffeur de taxi en Inde, par exemple. L'émission n'aura pas d'animateur mais on aura des personnalités très fortes. Mis à part "Pékin Express", M6 était un peu absent de ce domaine de l'aventure et de la découverte. C'est donc un champ que nous avons voulu investir davantage.
Quand ce nouveau magazine sera t-il programmé exactement ?
Il est encore trop tôt pour en parler mais je peux vous dire qu'il s'étalera sur quatre soirées.