Le porno visé tous azimuts. Alors qu'une solution technique pour enfin contraindre les sites pornographiques à contrôler l'âge de ses utilisateurs pourrait bientôt aboutir en France, les journalistes sont nombreux ces derniers mois à avoir dénoncé le traitement des actrices par l'industrie du X. En septembre dernier, par exemple, "Complément d'enquête" avait rencontré plusieurs actrices, qui avaient accepté de raconter les humiliations et les violences qu'elles ont subies. A l'époque, une trentaine de plaintes pour viols avaient été déposées, expliquait le magazine mettant à mal la réputation d'un milieu dominé par les géants du secteur, Jacquie et Michel et Marc Dorcel.
Invitée hier de "C médiatique", à l'occasion d'un débat intitulé "La guerre contre le porno est déclaré", l'auteure de cette enquête, Rola Tarsissi, a révélé avoir subi des pressions après ses révélations. La journaliste a été attaquée en justice par le groupe Dorcel. "Nous avons trois procédures en cours contre nous (provenant de) la maison Dorcel. Nous avons deux procédures en référé en droit de réponse et une procédure en diffamation", a-t-elle annoncé.
Avant de détailler : "(Pour ce qui est du) "droit de réponse, j'ai dû solliciter une dizaine de fois le groupe Dorcel par texto, par mail. Nous avons essayé de les rencontrer. On a même essayé d'inviter Grégory Dorcel (directeur général de la société de production de films pornographiques Marc Dorcel, ndlr) en plateau mais il a refusé. Il y a (aussi) une troisième procédure pour diffamation : pour le coup, nous sommes très surpris parce que l'enquête est rigoureuse. Nous avons recoupé nos témoignages. Nous sommes assez sûrs de nous (même si) nous ne pouvons pas présager de la décision de justice. Ce n'est jamais très drôle d'avoir trois procédures (sur le dos)". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Dans un tweet, publié plus tard dans la journée d'hier, la journaliste confirme ses propos tenus dans l'émission. Elle ajoute : "Le groupe Dorcel m'attaque en justice ainsi que France 2, Tristan Waleckx et "Complément d'enquête" à la suite de la diffusion de notre documentaire 'Porno : Une industrie hors de contrôle ?' Trois procédures en cours".
Sur Twitter également, Tristan Waleckx, incarnation du magazine d'investigation, précise dans un thread : "Fait notable : l'assignation a été délivrée par huissier à nos adresses persos (pourtant sur liste rouge) et non à France Télévisions, comme le veut l'usage. Une technique inhabituelle (et légèrement intrusive) qui permet à Dorcel de bénéficier d'une procédure accélérée (citation directe) (...) Vu le nombre de preuves en notre possession, Dorcel ira-t-il au procès ou va-t-il retirer sa plainte juste avant, comme c'est souvent le cas en matière de diffamation ? Réponse le 16 mars !".
Hier, "C médiatique", l'émission médias dominicale de France 5 présentée par Mélanie Taravant, a été regardée par 210.000 téléspectateurs, ce qui représente 1,7% du public.
Mise à jour (17/03/2023) : Ce vendredi 17 mars 2023, le groupe Dorcel a rédigé un droit de réponse à cet article : "Le groupe DORCEL, Marc et Grégory DORCEL, réagissent à l'article intitulé " Marc Dorcel attaque en justice France 2 et Tristan Waleckx après un "Complément d'enquête" sur l'industrie du porno ", publié le 13 février 2023.
L'article reprend des propos tenus par monsieur Waleckx et madame Tarsissi qui méritent d'être clarifiés.
Ainsi conformément à la loi sur la presse du 28 juillet 1881, à celle du 29 juillet 1982 et à celle du 21 juin 2004, pour la confiance dans l'économie numérique, Le Groupe DORCEL, Marc et Grégory DORCEL ont sollicité un droit de réponse numérique e t audiovisuel qui leur a été refusé par France télévision sans aucune motivation.
C'est pourquoi, le Groupe DORCEL Marc et Grégory DORCEL sollicitent d'une part, en justice et exclusivement à l'encontre de France Télévision, prise en la personne de son directeur de publication, une insertion forcée de ses droits de réponse, conformément aux textes de lois susvisés.
D'autre part, estimant que l'émission complément d'enquête a porté atteinte à leur image et à leur réputation, le Groupe DORCEL et ses dirigeants ont initié une procédure en diffamation tant à l'encontre de France télévision prise en la personne de son directeur de publication qu'à l'encontre des journalistes ayant mené l'enquête. User de ses droits conformément aux textes de lois sur la liberté de la presse ne saurait être considéré comme étant un moyen de pression.
Par ailleurs, c'est en application et sur le fondement de ces mêmes textes de loi que tout demandeur à une procédure en diffamation est contraint de faire obligatoirement délivrer au domicile des défendeurs l'assignation en justice en diffamation, à défaut la procédure serait nulle.
Ainsi, la procédure initiée en diffamation dite " au fond " est classique et ne permet pas de bénéficier d'une procédure accélérée comme le prétend à tort monsieur Waleckx.
Enfin, le Groupe DORCEL et ses dirigeants précisent qu'il ne s'agit pas d'une plainte contrairement à ce qui a été affirmé mais d'une procédure en diffamation civile devant le Tribunal Judiciaire compétent et que la procédure en diffamation se poursuivra jusqu'à son terme."